CrĂ©er une LLC aux Ătats-Unis est devenu un rĂ©flexe pour beaucoup dâentrepreneurs français qui veulent vendre en dollars, accĂ©der aux banques amĂ©ricaines ou simplement structurer une activitĂ© internationale de façon plus souple. Mais entre les promesses de â0 % dâimpĂŽtâ sur YouTube, les montages hasardeux vendus sur Telegram et la rĂ©alitĂ© du fisc français, il y a un gouffre. Lâobjectif ici est simple : poser un cadre clair. Comprendre ce quâest vraiment une LLC, ce quâelle permet, ce quâelle ne permet pas, combien ça coĂ»te et dans quels cas un entrepreneur français a objectivement intĂ©rĂȘt Ă passer par cette structure plutĂŽt quâĂ rester en sociĂ©tĂ© française.
Le sujet est Ă la fois juridique, fiscal et stratĂ©gique. Il ne sâagit pas seulement de dĂ©poser des âArticles of Organizationâ dans un Ătat amĂ©ricain Ă la mode. Il faut rĂ©flĂ©chir Ă votre modĂšle Ă©conomique, Ă votre pays de rĂ©sidence fiscale, Ă vos flux de paiements, mais aussi Ă votre tolĂ©rance au risque administratif. Une LLC peut ĂȘtre un formidable outil pour un freelance français qui sâexpatrie, pour un e-commerçant qui vend surtout hors de France, pour un crĂ©ateur de SaaS qui vise directement le marchĂ© US. Elle peut aussi ĂȘtre totalement inutile â voire dangereuse â pour celui qui reste rĂ©sident fiscal en France et encaisse lâessentiel de son chiffre dâaffaires sur des clients français.
En bref
- La LLC amĂ©ricaine protĂšge le patrimoine personnel et offre une flexibilitĂ© fiscale rarement vue en Europe, mais ce nâest pas une baguette magique anti-impĂŽts.
- Pour un entrepreneur français rĂ©sident fiscal en France, la LLC nâefface pas lâimpĂŽt : les bĂ©nĂ©fices restent imposables en France, avec lâimpĂŽt sur le revenu et les prĂ©lĂšvements sociaux.
- Le choix de lâĂtat de crĂ©ation (Delaware, Wyoming, Nouveau-MexiqueâŠ) change tout : coĂ»ts de crĂ©ation, anonymat, image, obligations annuelles.
- CrĂ©er une LLC coĂ»te en moyenne 200 Ă 300 $ en frais dâĂtat si vous le faites vous-mĂȘme, et jusquâĂ 1 700 $ via un prestataire clĂ© en main, plus 400â800 $ par an de maintenance.
- La fiscalitĂ© â0 % aux USAâ ne fonctionne que pour des non-residents aliens non-ETBUS, rĂ©sidents dâun pays qui nâimpose pas leurs revenus mondiaux. Ce nâest pas le cas dâun rĂ©sident fiscal français.
- Une LLC demande un minimum de discipline administrative : EIN, compte bancaire séparé, rapports annuels, déclarations IRS, formulaires spécifiques pour non-résidents.
LLC aux Ătats-Unis : comprendre la structure avant de penser optimisation
Avant de parler rĂ©duction dâimpĂŽts ou choix de lâĂtat, il est indispensable de comprendre ce quâest une Limited Liability Company dans le contexte amĂ©ricain. Ce nâest ni une vraie Ă©quivalente de la SARL, ni une simple sociĂ©tĂ© de personnes. Câest un hybride pensĂ© pour ĂȘtre pratique : protection du patrimoine personnel comme une sociĂ©tĂ© de capitaux, mais souplesse fiscale comme une entreprise individuelle ou une SNC.
Pour un entrepreneur français, le premier rĂ©flexe est souvent de chercher lâĂ©quivalence : âCâest plutĂŽt une SARL ou une SAS ?â. La vĂ©ritĂ©, câest quâil nây en a pas. La LLC est un outil Ă part, avec ses propres rĂšgles et surtout une logique fiscale trĂšs diffĂ©rente de celle du droit français.
DĂ©finition concrĂšte dâune LLC pour un entrepreneur français
Une LLC est une entitĂ© juridique créée au niveau dâun Ătat amĂ©ricain (Wyoming, Delaware, Nouveau-Mexique, etc.), pas au niveau fĂ©dĂ©ral. Elle a sa propre existence lĂ©gale, peut signer des contrats, possĂ©der des biens, ouvrir un compte bancaire. Les personnes qui la dĂ©tiennent sâappellent des members. Ces membres peuvent ĂȘtre des individus ou dâautres sociĂ©tĂ©s, rĂ©sidents ou non des Ătats-Unis.
Sur le plan de la responsabilitĂ©, la rĂšgle de base est simple : en cas de dettes ou de litiges de la LLC, les members ne sont en principe responsables quâĂ hauteur de leur apport. Autrement dit, le patrimoine personnel (maison, comptes privĂ©s) est protĂ©gĂ©, sauf fraude manifeste ou mĂ©lange total entre finances perso et pro. Pour un Français qui a dĂ©jĂ une micro-entreprise ou une EI, cette barriĂšre juridique est souvent un argument fort.
- ResponsabilitĂ© limitĂ©e : protection similaire Ă celle dâune sociĂ©tĂ© Ă responsabilitĂ© limitĂ©e française.
- Souplesse de gestion : pas de conseil dâadministration obligatoire, pas dâassemblĂ©es ultra-formalisĂ©es.
- Image internationale : une LLC amĂ©ricaine inspire souvent plus de confiance Ă certains partenaires quâune structure exotiques type Belize ou Seychelles.
Concernant la fiscalitĂ©, la LLC est par dĂ©faut une entitĂ© âtransparenteâ aux yeux de lâIRS : elle ne paie pas dâimpĂŽt fĂ©dĂ©ral sur le revenu en propre, ce sont les membres qui sont imposĂ©s sur leur quote-part du rĂ©sultat. Mais cette transparence peut ĂȘtre modulĂ©e via des options dâimposition (partnership ou corporation), ce qui ouvre des stratĂ©gies mais aussi des risques dâerreur pour un non-rĂ©sident.
Ă qui sâadresse vraiment la LLC amĂ©ricaine ?
Dans la pratique, on voit quatre grands profils dâentrepreneurs francophones qui se tournent vers la LLC :
- Freelances et consultants en ligne qui facturent des clients dans plusieurs pays et souhaitent une structure internationale souple, notamment sâils prĂ©voient une expatriation.
- E-commerçants et dropshippers qui vendent principalement sur le marché US ou international via des plateformes (Shopify, Amazon, marketplaces US).
- Créateurs de SaaS, apps ou produits digitaux qui veulent aligner leur structure juridique avec leur marché principal, souvent nord-américain.
- Investisseurs (immobilier US, portefeuille dâactions, crypto structurĂ©e) qui utilisent la LLC comme vĂ©hicule de dĂ©tention.
Ă lâinverse, un indĂ©pendant qui travaille Ă 90 % avec des clients français, payĂ©s en euros, et qui reste rĂ©sident fiscal en France a rarement un intĂ©rĂȘt rĂ©el Ă compliquer sa vie avec une LLC, sauf cas trĂšs spĂ©cifique (accĂšs Ă une marketplace US, contrats avec des boĂźtes amĂ©ricaines qui exigent une entitĂ© locale, etc.). Lâoutil doit servir le business, pas lâinverse.
| Caractéristique | LLC américaine | Micro-entreprise en France |
|---|---|---|
| Responsabilité | Limitée au patrimoine investi | Illimitée (confusion perso/pro) |
| Fiscalité par défaut | Transparente (imposée chez les membres) | ImpÎt sur le revenu + cotisations sociales |
| Image internationale | Bon niveau de confiance, surtout pour le marché US | Peu lisible pour des partenaires américains |
| Complexité administrative | Moyenne à élevée (IRS, formulaires non-résidents) | Faible (déclarations simplifiées) |
| AccÚs aux banques américaines | Oui, sous conditions | Non, sauf via fintechs internationales |
Retenir la logique de base de la LLC avant dâaller plus loin Ă©vite dĂ©jĂ beaucoup de dĂ©sillusions : câest une structure puissante, mais qui nâa de sens que si elle sâinscrit dans une stratĂ©gie dâensemble cohĂ©rente avec votre rĂ©sidence fiscale et votre marchĂ©.

Avantages dâune LLC aux Ătats-Unis pour un entrepreneur français
Les avantages mis en avant dans les vidĂ©os et sur les pages de vente ne sortent pas de nulle part. Une LLC amĂ©ricaine coche rĂ©ellement beaucoup de cases intĂ©ressantes : protection, flexibilitĂ©, coĂ»ts de dĂ©marrage, image. La question, câest de les regarder avec un Ćil de chef dâentreprise, pas de chasseur de montages miracles.
Protection du patrimoine et crédibilité business
Le premier intĂ©rĂȘt, souvent sous-estimĂ©, reste la responsabilitĂ© limitĂ©e. En cas de litige, dâimpayĂ© ou dâerreur opĂ©rationnelle, ce nâest pas la maison familiale qui se retrouve en premiĂšre ligne, mais la LLC. Ă condition bien sĂ»r de respecter les rĂšgles de base : compte bancaire sĂ©parĂ©, contrats au nom de la sociĂ©tĂ©, pas de confusion totale entre finances personnelles et professionnelles.
Cette structure donne aussi une crĂ©dibilitĂ© immĂ©diate auprĂšs de partenaires, investisseurs ou plateformes amĂ©ricaines. Un e-commerçant français qui ouvre une boutique Shopify sous LLC US sera parfois mieux perçu quâavec une micro-entreprise française, surtout sâil vend majoritairement aux Ătats-Unis.
- Signature de contrats B2B américains facilitée.
- AccÚs à certaines marketplaces US réservé aux entités locales.
- Perception plus professionnelle auprĂšs de clients corporate.
Souplesse fiscale et optimisation potentielle
La fiscalitĂ© amĂ©ricaine laisse le choix du traitement fiscal de la LLC, ce qui est extrĂȘmement rare en France. ConcrĂštement, une LLC peut ĂȘtre imposĂ©e :
- Comme une entité transparente (disregarded entity ou partnership) : les bénéfices sont attribués directement aux membres.
- Comme une corporation (option pour le rĂ©gime âcorporation taxationâ) : la sociĂ©tĂ© paie lâimpĂŽt sur les bĂ©nĂ©fices, puis les dividendes sont taxĂ©s chez les associĂ©s.
Pour un non-resident alien (Ă©tranger non rĂ©sident fiscalement aux USA) qui nâest pas considĂ©rĂ© comme ETBUS (pas dâactivitĂ© rĂ©ellement exercĂ©e sur le sol amĂ©ricain au sens fiscal), les bĂ©nĂ©fices de la LLC ne sont en pratique pas imposĂ©s aux Ătats-Unis. Ils remontent donc dans le pays de rĂ©sidence fiscale du membre. Câest ce mĂ©canisme qui permet Ă certains expatriĂ©s, installĂ©s dans des pays sans impĂŽt sur le revenu, dâatteindre un taux dâimposition effectif proche de 0 %. Pour un Français restĂ© rĂ©sident en France, les bĂ©nĂ©fices restent imposĂ©s⊠en France.
| Situation | Imposition aux USA | OĂč sont taxĂ©s les bĂ©nĂ©fices ? |
|---|---|---|
| Français résident en France, non-ETBUS | En général 0 % aux USA | En France (IR + prélÚvements sociaux) |
| Français expatriĂ© dans un pays sans IR, non-ETBUS | En gĂ©nĂ©ral 0 % aux USA | Pas dâimpĂŽt sur ce revenu dans le pays de rĂ©sidence |
| LLC considérée ETBUS (bureaux, salariés aux USA) | Imposition aux USA (partnership ou corporation) | USA + potentiellement pays de résidence, selon convention |
Autrement dit, la LLC peut ĂȘtre un outil dâoptimisation, mais uniquement si le reste de votre setup (pays de rĂ©sidence, conventions fiscales, type dâactivitĂ©) est cohĂ©rent. UtilisĂ©e depuis la France sans rĂ©flexion globale, elle devient juste une couche de complexitĂ© en plus.
Coûts de création modérés et anonymat possible
Autre avantage concret : les coĂ»ts de crĂ©ation et de maintenance peuvent ĂȘtre trĂšs raisonnables si vous maĂźtrisez les dĂ©marches ou si vous travaillez avec un prestataire honnĂȘte. Dans certains Ătats comme le Nouveau-Mexique, le ticket dâentrĂ©e reste largement infĂ©rieur Ă ce que coĂ»terait une structure similaire dans certains paradis fiscaux âhistoriquesâ.
- Frais dâĂtat de crĂ©ation : souvent entre 200 et 300 $ selon lâĂtat.
- Frais annuels (rapport + agent enregistrĂ©) : entre 400 et 600 $ dans les Ătats les plus compĂ©titifs.
- Prestataire clĂ© en main : autour de 1 700 $ la premiĂšre annĂ©e, puis 700â800 $ de maintenance, pour ceux qui veulent zĂ©ro paperasse.
Certains Ătats (Wyoming, Nouveau-Mexique) permettent Ă©galement un niveau dâanonymat intĂ©ressant dans les registres publics : les bĂ©nĂ©ficiaires effectifs ne sont pas toujours visibles directement. Attention cependant : cet anonymat ne vaut pas face au fisc français. Les Ătats-Unis ne participent pas au CRS, mais la France et les USA ont signĂ© FATCA, qui organise un Ă©change automatique dâinformations bancaires. Une LLC ne doit jamais ĂȘtre vue comme un outil de dissimulation.
Au global, les avantages de la LLC sont rĂ©els : protection, flexibilitĂ© fiscale, accĂšs au systĂšme bancaire amĂ©ricain, crĂ©dibilitĂ© internationale. La clĂ© reste de les utiliser pour structurer un business solide, pas pour courir aprĂšs une Ă©conomie dâimpĂŽt mal maĂźtrisĂ©e.
CoĂ»ts rĂ©els dâune LLC amĂ©ricaine : crĂ©ation, maintenance et erreurs Ă Ă©viter
Une question revient systĂ©matiquement : âCombien ça va me coĂ»ter, en vrai ?â. Les rĂ©ponses quâon trouve en ligne vont de âquelques dizaines de dollarsâ Ă âplus de 2 000 $ par anâ. Les deux peuvent ĂȘtre vrais, selon la façon dont vous vous y prenez. Lâenjeu, câest de comprendre la structure des coĂ»ts pour prendre une dĂ©cision lucide.
CoĂ»ts de crĂ©ation dâune LLC pour un Français
Les frais de dĂ©part se composent de plusieurs Ă©lĂ©ments. Une partie est incompressible (frais de lâĂtat), le reste dĂ©pend du niveau dâaccompagnement choisi.
- Frais de dĂ©pĂŽt des âArticles of Organizationâ : variables selon lâĂtat (autour de 50 $ dans certains Ătats, plus de 200 $ dans dâautres).
- Agent enregistré (registered agent) la premiÚre année : souvent entre 100 et 200 $.
- RĂ©daction de lâOperating Agreement : possible seul avec un modĂšle, ou via un prestataire/avocat.
- Obtention de lâEIN : gratuite si vous le faites directement auprĂšs de lâIRS, souvent facturĂ©e 100â200 $ par les intermĂ©diaires.
| Poste de coĂ»t | Si vous faites seul | Via un prestataire âtout comprisâ |
|---|---|---|
| Frais de lâĂtat (crĂ©ation) | 200â300 $ selon lâĂtat | Inclus dans le package |
| Agent enregistrĂ© (1Ăšre annĂ©e) | 100â200 $ | Inclus dans le package |
| Obtention EIN | 0Â $ si fait directement | 100â200Â $ |
| Honoraires dâaccompagnement | 0Â $ (temps perso) | 1Â 200â1Â 400Â $ |
| Budget total 1Ăšre annĂ©e | â 200â500 $ | â 1 700 $ |
Pour un entrepreneur dĂ©jĂ Ă lâaise avec lâanglais administratif et prĂȘt Ă investir du temps, se former et crĂ©er soi-mĂȘme sa LLC est tout Ă fait faisable. Pour quelquâun qui dĂ©teste les formulaires et veut une solution sĂ©curisĂ©e, payer plus cher pour un accompagnement sĂ©rieux peut ĂȘtre un trĂšs bon investissement.
Coûts annuels : le prix de la conformité
Une fois la LLC créée, il faut la maintenir en vie juridiquement. LĂ aussi, on retrouve des coĂ»ts fixes, dâautres optionnels mais fortement recommandĂ©s.
- Frais annuels dâĂtat : rapport annuel, franchise tax Ă©ventuelle, souvent entre 50 et 400 $ selon lâĂtat.
- Agent enregistrĂ© : encore 100â200 $ par an.
- Tenue minimale des comptes : mĂȘme si la compta complĂšte nâest pas obligatoire, garder un suivi propre est essentiel (logiciel ou comptable).
- Déclarations IRS spécifiques non-résident : souvent sous-traitées à un comptable US.
En synthĂšse, un entrepreneur français peut sâattendre Ă un coĂ»t de maintenance annuel entre 400 et 800 $ selon lâĂtat choisi et le niveau dâaccompagnement comptable. Ceux qui tombent sous les 300 $ annuels le font en gĂ©nĂ©ral au prix de beaucoup de temps perso et dâun risque dâerreur sur la partie fiscale.
Le vrai piĂšge, ce nâest pas le coĂ»t officiel. Câest tout ce qui sâajoute quand les choses sont mal faites : pĂ©nalitĂ©s de retard, frais dâavocat en urgence, blocage de compte bancaire parce que lâEIN ou les formulaires FATCA ne sont pas clairs. Dans le calcul global, mieux vaut intĂ©grer dĂšs le dĂ©part un budget âsĂ©curitĂ©â plutĂŽt que de jouer avec le feu administratif.
Démarches pour créer une LLC aux USA depuis la France : le pas-à -pas concret
Beaucoup dâentrepreneurs imaginent quâil faut prendre lâavion pour New York ou Miami pour lancer une sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine. En rĂ©alitĂ©, la crĂ©ation dâune LLC se fait aujourdâhui en grande partie en ligne, depuis votre salon en France, Ă condition de respecter une mĂ©thodologie claire. Voici le chemin logique Ă suivre pour Ă©viter les impasses.
1. Choisir lâĂtat en fonction de votre activitĂ©, pas des forums
Le premier rĂ©flexe est de taper âmeilleur Ătat pour crĂ©er une LLCâ et de tomber sur les mĂȘmes noms : Delaware, Wyoming, Nevada, Nouveau-Mexique. La bonne approche consiste Ă aligner lâĂtat avec votre activitĂ©, vos besoins dâimage et votre budget.
- Delaware : réputé, trÚs utilisé par les grandes entreprises et les investisseurs, mais frais parfois plus élevés (franchise tax).
- Wyoming : bonne image, protection de la vie privée, coûts raisonnables.
- Nouveau-Mexique : coûts parmi les plus bas, anonymat des membres, excellent pour freelances et e-commerçants internationaux.
| Ătat | CoĂ»t de crĂ©ation estimĂ© | Maintenance annuelle estimĂ©e | Profil conseillĂ© |
|---|---|---|---|
| Delaware | â 300 $ (avec franchise tax 1Ăšre annĂ©e) | â 400â600 $ | Startups visant des investisseurs, protection IP |
| Wyoming | â 275 $ | â 560 $ | SociĂ©tĂ©s orientĂ©es international, anonymat souhaitĂ© |
| Nouveau-Mexique | â 220Â $ | â 420Â $ | Freelances, e-commerce, digital nomads |
Un exemple simple : un dĂ©veloppeur français qui lance un SaaS pour des clients amĂ©ricains peut trĂšs bien opter pour un Nouveau-Mexique si son objectif est la simplicitĂ© et le coĂ»t. En revanche, une startup qui vise une levĂ©e de fonds auprĂšs de VCs amĂ©ricains aura tout intĂ©rĂȘt Ă se tourner vers un schĂ©ma plus classique Delaware.
2. Domiciliation, création et EIN : la séquence à respecter
Une fois lâĂtat choisi, il reste plusieurs Ă©tapes concrĂštes :
- Obtenir une adresse de domiciliation dans lâĂtat (adresse commerciale ou bureau virtuel).
- Choisir un agent enregistré (obligatoire) qui recevra les documents officiels.
- DĂ©poser les Articles of Organization auprĂšs du SecrĂ©taire dâĂtat compĂ©tent.
- RĂ©diger lâOperating Agreement pour fixer les rĂšgles internes (mĂȘme pour une LLC avec un seul membre, câest une bonne pratique).
- Demander lâEIN auprĂšs de lâIRS, en remplissant le formulaire appropriĂ© pour une entitĂ© dĂ©tenue par un non-rĂ©sident.
Un point souvent mal compris : il est tout Ă fait possible de crĂ©er une LLC dans un Ătat (par exemple Nouveau-Mexique) et de la domicilier commercialement dans une autre ville plus âsexyâ comme Miami pour la communication. Câest autorisĂ©, mais peut soulever des questions lors de lâouverture bancaire. Plus la structure est simple et cohĂ©rente, plus les banques seront rassurĂ©es.
Une fois lâEIN obtenu, lâouverture du compte bancaire amĂ©ricain devient possible, soit via une fintech spĂ©cialisĂ©e dans les non-rĂ©sidents, soit en se rendant physiquement dans une banque traditionnelle aux Ătats-Unis avec tous les documents (Articles, EIN, Operating Agreement, passeport, preuve dâadresse).
- Fintech US : procédure entiÚrement à distance, rapide, idéal au démarrage.
- Banque physique : plus long, mais peut offrir de meilleures cartes de crédit et plus de crédibilité.
En respectant cette chronologie, un entrepreneur français peut passer dâune idĂ©e Ă une LLC opĂ©rationnelle avec compte bancaire amĂ©ricain en quelques semaines. La vraie diffĂ©rence entre ceux qui rĂ©ussissent et ceux qui sâemmĂȘlent se fait sur la clartĂ© des objectifs et la rigueur de suivi des dĂ©marches.
FiscalitĂ© dâune LLC pour un entrepreneur français : 0 % aux USA ne veut pas dire 0 % tout court
Câest le sujet sensible, celui oĂč circulent le plus de demi-vĂ©ritĂ©s. Oui, une LLC dĂ©tenue par un non-rĂ©sident peut, dans certains cas, ne pas payer dâimpĂŽt sur les sociĂ©tĂ©s aux Ătats-Unis. Non, cela ne signifie pas automatiquement que les bĂ©nĂ©fices de lâactivitĂ© ne seront taxĂ©s nulle part. Le systĂšme amĂ©ricain repose sur plusieurs notions clĂ©s quâil faut maĂźtriser avant de bouger un seul euro.
Les notions de NRA et dâETBUS
Le statut fiscal dâun entrepreneur non amĂ©ricain se joue autour de deux concepts essentiels :
- NRA â Non Resident Alien : Ă©tranger non rĂ©sident aux USA. Câest le cas si vous nâĂȘtes ni citoyen amĂ©ricain, ni dĂ©tenteur de green card, ni considĂ©rĂ© comme rĂ©sident fiscal US via le âSubstantial Presence Testâ.
- ETBUS â Engaged in a Trade or Business in the US : notion dââactivitĂ© exercĂ©e aux Ătats-Unisâ. On parle ici de prĂ©sence significative sur le territoire (bureaux, salariĂ©s, entrepĂŽt gĂ©rĂ© directement, etc.).
Pour schĂ©matiser, un Français qui vit hors des Ătats-Unis, sans bureau ni salariĂ© sur place, et qui vend en ligne Ă des clients du monde entier via une LLC US, a de bonnes chances dâĂȘtre NRA et non-ETBUS. Dans ce cas, les bĂ©nĂ©fices de la LLC ne sont en principe pas imposĂ©s aux Ătats-Unis et remontent fiscalement dans le pays de rĂ©sidence de lâentrepreneur.
| Profil | NRA ? | ETBUS ? | Conséquence principale |
|---|---|---|---|
| Français vivant en France, e-commerce via LLC, pas de bureau US | Oui | Non | Pas dâimpĂŽt sur le revenu US, mais imposition en France |
| Français installé à Miami avec bureaux et salariés | Non (résident US) | Oui | Imposition US pleine, puis convention avec la France si besoin |
| Français digital nomad, rĂ©sident fiscal de DubaĂŻ, pas dâancrage US | Oui | Non | Pas dâimpĂŽt US, pas dâimpĂŽt dans le pays de rĂ©sidence (selon rĂšgles locales) |
La bonne nouvelle, câest que ce schĂ©ma peut ĂȘtre trĂšs efficace pour des expatriĂ©s. La mauvaise, câest quâun rĂ©sident français qui reste soumis Ă lâimpĂŽt en France ne gagne quasiment rien sur le plan fiscal pur avec une LLC, sauf optimisation marginale ou cas particulier.
Impact pour un résident fiscal français
Pour un entrepreneur qui reste rĂ©sident fiscal en France, la logique est claire : lâadministration française regarde la rĂ©alitĂ© Ă©conomique. Une LLC considĂ©rĂ©e comme transparente est vue comme une structure de personnes. RĂ©sultat : les bĂ©nĂ©fices remontent Ă votre nom et sont imposĂ©s comme des bĂ©nĂ©fices professionnels (BIC/BNC) en France, avec :
- ImpĂŽt sur le revenu selon votre tranche marginale.
- PrélÚvements sociaux et cotisations sociales selon le régime applicable.
Câest lĂ que beaucoup de Français se rendent compte que la LLC, utilisĂ©e depuis la France, nâa pas vocation Ă supprimer lâimpĂŽt mais plutĂŽt Ă :
- Faciliter lâaccĂšs au systĂšme bancaire US et aux cartes de crĂ©dit.
- Structurer un business Ă vocation internationale.
- Simplifier une future expatriation vers un pays plus attractif fiscalement.
En rĂ©sumĂ© : la LLC peut ĂȘtre fiscalement neutre pour un rĂ©sident français, mais stratĂ©giquement utile. Tout dĂ©pend de votre horizon de temps et de votre projet dâexpatriation Ă©ventuel.
Un entrepreneur français peut-il crĂ©er une LLC aux Ătats-Unis sans se dĂ©placer ?
Oui. La plupart des Ătats permettent une crĂ©ation 100 % Ă distance : dĂ©pĂŽt des Articles of Organization en ligne, choix dâun agent enregistrĂ©, obtention de lâEIN auprĂšs de lâIRS, puis ouverture de compte via certaines fintechs US. Se rendre sur place nâest nĂ©cessaire que si vous visez une banque traditionnelle qui exige une prĂ©sence physique pour lâouverture du compte.
Créer une LLC permet-il vraiment de ne payer aucun impÎt ?
Uniquement dans des cas trĂšs spĂ©cifiques. Une LLC dĂ©tenue par un non-resident alien non-ETBUS peut ne pas ĂȘtre imposĂ©e aux Ătats-Unis. Mais les bĂ©nĂ©fices restent imposables dans le pays de rĂ©sidence fiscale de lâentrepreneur. Pour un rĂ©sident français, ils seront donc taxĂ©s en France. Lâabsence totale dâimpĂŽt nâest envisageable que si vous rĂ©sidez dans un pays qui nâimpose pas vos revenus mondiaux et que la structure de lâactivitĂ© respecte les rĂšgles locales.
Quel est le coût minimal réaliste pour créer et maintenir une LLC ?
En gĂ©rant vous-mĂȘme les dĂ©marches, comptez gĂ©nĂ©ralement entre 200 et 300 $ de frais dâĂtat pour la crĂ©ation, plus 100 Ă 200 $ dâagent enregistrĂ© la premiĂšre annĂ©e. Pour la maintenance, prĂ©voyez 400 Ă 600 $ par an en incluant lâagent enregistrĂ©, les rapports annuels et un minimum de suivi comptable. Les prestations clĂ© en main peuvent faire grimper la note Ă 1 700 $ la premiĂšre annĂ©e, puis 700â800 $ par an.
Quel Ătat choisir pour une LLC quand on est freelance ou e-commerçant français ?
Pour un freelance, infopreneur ou e-commerçant international sans besoin particulier en matiĂšre de levĂ©e de fonds, le Nouveau-Mexique et le Wyoming sont souvent des options pertinentes. Ils offrent des coĂ»ts modĂ©rĂ©s, un bon niveau dâimage et parfois un anonymat intĂ©ressant dans les registres publics. Le Delaware reste plutĂŽt rĂ©servĂ© aux structures qui visent des investisseurs ou une implantation plus lourde.
Faut-il un comptable américain pour gérer une LLC détenue par un Français ?
Ce nâest pas obligatoire lĂ©galement dans tous les cas, mais fortement recommandĂ©. MĂȘme si la LLC nâest pas imposĂ©e aux Ătats-Unis, certaines dĂ©clarations (notamment pour les entitĂ©s dĂ©tenues par des non-rĂ©sidents) doivent ĂȘtre dĂ©posĂ©es auprĂšs de lâIRS. Un comptable habituĂ© aux profils internationaux coĂ»te quelques centaines de dollars par an, mais Ă©vite des pĂ©nalitĂ©s qui peuvent rapidement atteindre plusieurs milliers de dollars.


