Déclaration IRS : les obligations fiscales d’une entreprise américaine

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Beaucoup de francophones créent aujourd’hui une LLC aux États-Unis en quelques clics, persuadés que cela règle à la fois la structure juridique, la crédibilité et la fiscalité. Puis arrive le premier courrier de l’IRS, les dates du 15 mars ou 15 avril, un formulaire incompréhensible… et la prise de conscience que la « société clé en main » ne suffit pas. La déclaration IRS n’est pas un détail administratif, c’est le cœur de la relation entre votre entreprise américaine et le fisc. Mal gérée, elle peut coûter des milliers de dollars en pénalités, voire remettre en cause votre modèle économique.

Pour un entrepreneur basé en France, en Suisse, au Canada ou ailleurs, la difficulté est double. Il faut composer avec un système fiscal américain très structuré (fédéral, États, parfois villes) et, en parallèle, avec l’imposition dans le pays de résidence. Une même LLC américaine peut donc déclencher une déclaration à l’IRS, une déclaration dans l’État d’enregistrement, une déclaration en France… le tout avec des règles différentes, des échéances qui ne se recoupent pas et des formulaires aux logiques opposées. Sans méthode, on navigue à vue. Avec un cadre clair, ces obligations deviennent gérables, prévisibles, et peuvent même devenir un levier de stratégie.

En bref :

  • Une LLC est fiscalement « transparente » par dĂ©faut : ce ne sont pas les États-Unis qui disparaissent, c’est la sociĂ©tĂ© qui s’efface au profit des associĂ©s dans la plupart des cas.
  • La dĂ©claration IRS dĂ©pend du nombre de membres, du statut fiscal choisi (LLC, C-Corp, S-Corp) et du statut rĂ©sident / non-rĂ©sident.
  • Un non-rĂ©sident est imposĂ© seulement sur certains revenus de source amĂ©ricaine, sous conditions (ETBUS, Ă©tablissement stable, conventions fiscales).
  • Les Ă©chĂ©ances sont strictes : 15 mars pour une LLC Ă  plusieurs associĂ©s, 15 avril pour une LLC Ă  associĂ© unique, avec possibilitĂ© d’extension.
  • La France impose les revenus de la LLC au niveau des associĂ©s (BIC ou BNC) via la dĂ©claration 2042 C PRO, mĂŞme sans distribution effective.
  • Les pĂ©nalitĂ©s pour dĂ©faut ou retard de dĂ©claration IRS peuvent ĂŞtre lourdes : centaines puis milliers de dollars, et jusqu’à plusieurs annĂ©es en arrière.
  • Le choix du statut (LLC transparente ou imposĂ©e comme Corporation) doit ĂŞtre rĂ©flĂ©chi Ă  froid, chiffres en main, pas sur la base de rumeurs ou de forums.

Sommaire

Déclaration IRS et LLC américaines : comprendre la logique fiscale avant d’agir

Derrière le terme « obligations fiscales d’une entreprise américaine », l’IRS voit d’abord une chose : qui est, en dernière ligne, redevable de l’impôt. Avec une LLC, la réponse n’est pas « la société » dans la plupart des cas, mais les personnes qui la détiennent. Juridiquement, la LLC protège le patrimoine personnel. Fiscalement, elle laisse passer le résultat vers les associés. C’est ce caractère « traversant » qui surprend beaucoup d’entrepreneurs francophones.

Sur le plan de la déclaration IRS, l’administration ne se focalise pas sur la forme juridique mais sur trois éléments concrets : le nombre de membres, le statut fiscal choisi et le profil des associés (résidents ou non-résidents). Ces paramètres vont définir le type de formulaires à produire, le calendrier, mais aussi le risque de double imposition ou au contraire, d’exonération partielle.

LLC transparente, C-Corp, S-Corp : ce que l’IRS regarde vraiment

Par défaut, une LLC à associé unique est traitée comme une « disregarded entity », c’est-à-dire une structure ignorée sur le plan fiscal. L’IRS considère que l’activité est une affaire personnelle (sole proprietorship) si le membre est une personne physique, ou une succursale si le membre est une société. La conséquence est simple : le résultat net de la LLC remonte directement dans la déclaration du propriétaire.

  FiscalitĂ© d’une sociĂ©tĂ© aux États-Unis : ce que tout entrepreneur doit savoir

Pour une LLC à plusieurs membres, l’IRS voit une société de personnes (Partnership). Là encore, la société ne paie pas l’impôt sur le revenu. Elle calcule un résultat fiscal, répartit ce résultat entre les membres selon leurs parts, et chacun déclare sa quote-part dans sa propre déclaration. Exemple simple :

  • LLC avec deux associĂ©s, 60 % et 40 % des parts.
  • RĂ©sultat net annuel : 100 000 $.
  • Base imposable : 60 000 $ pour le premier, 40 000 $ pour le second, dĂ©clarĂ©s chacun Ă  l’IRS.

Une LLC peut aussi opter pour être imposée comme une Corporation. Dans ce cas, elle devient une entité fiscalement opaque, soumise à la Corporate Tax fédérale (21 % actuellement). Les principales variantes :

  • LLC imposĂ©e comme C-Corp : deux niveaux de taxation, d’abord au niveau de la sociĂ©tĂ©, puis sur les dividendes ou salaires versĂ©s aux actionnaires.
  • LLC imposĂ©e comme S-Corp : transparence fiscale conservĂ©e mais avec un rĂ©gime particulier. Les non-rĂ©sidents Ă©trangers ne peuvent pas ĂŞtre actionnaires d’une S-Corp.

Ce choix, via élection fiscale, doit être posé avec un expert-comptable (CPA). Une mauvaise option peut transformer une structure pensée comme optimisée en usine à double imposition.

Type d’entité / statut Qui paie l’impôt ? Principaux formulaires IRS Cas typique d’usage
LLC à un seul membre (par défaut) Le propriétaire, à titre personnel 1040-NR + annexes pour un non-résident Freelance ou consultant étranger sans équipe aux USA
LLC à plusieurs membres (Partnership) Chaque associé pour sa quote-part Form 1065 + K-1, puis 1040 ou 1040-NR Projet avec cofondateurs, associés investisseurs
LLC imposée comme C-Corp La société puis les actionnaires Form 1120 + déclarations personnelles Recherche d’investissement, réinvestissement massif des profits
S-Corp (non accessible aux non-résidents) Actionnaires éligibles (US persons) Form 1120-S + K-1 Business détenu par des résidents américains

La première clé, pour une entreprise américaine détenue par un francophone, consiste donc à figer dès le départ ce trio : type de LLC, statut fiscal, profil des associés. Sans cette base, impossible de parler de « déclaration IRS » de façon sérieuse.

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Obligations fiscales des LLC pour non-résidents : ETBUS, revenus de source américaine et conventions

Pour un entrepreneur non-résident qui dirige une LLC aux États-Unis, la question n’est pas seulement « quel formulaire remplir », mais d’abord « suis-je imposable aux USA et sur quoi ? ». Contrairement aux citoyens américains, imposés sur leurs revenus mondiaux, un étranger sans carte verte ni présence substantielle n’est imposable aux États-Unis que dans des cas précis. C’est là qu’entrent en scène les notions de revenus de source américaine, de commerce ou entreprise aux États-Unis (ETBUS) et d’établissement stable.

Pour rendre ces notions concrètes, prenons l’exemple de Lina, entrepreneure basée à Lyon, qui exploite une LLC dans le Delaware pour vendre des prestations de marketing digital à des clients situés en Californie et à Paris. Pas de bureau physique aux USA, pas de salariés américains, juste une société créée en ligne et des paiements en dollars. Est-elle imposable aux États-Unis ? La réponse dépend précisément de ces concepts techniques.

Statuts ETBUS et non-ETBUS : quand une activité devient vraiment « américaine »

Un non-résident est qualifié par l’IRS de Non-Resident Alien (NRA). Tant qu’il reste non-résident, il est uniquement imposable sur deux types de revenus :

  • Ceux de source amĂ©ricaine.
  • Ceux qui sont effectivement liĂ©s Ă  un commerce ou une entreprise aux États-Unis (statut ETBUS).

Le statut ETBUS est généralement retenu lorsque :

  • L’activitĂ© est rĂ©gulière, substantielle et organisĂ©e sur le sol amĂ©ricain.
  • Une partie essentielle des opĂ©rations (production, vente, service client…) se fait depuis les États-Unis.
  • Il existe un « dependent agent » sur place : un reprĂ©sentant quasi-exclusif qui engage la sociĂ©tĂ©.

Si ces critères ne sont pas réunis, la LLC et ses associés tombent plutôt dans un schéma non-ETBUS. Concrètement :

  • LLC non-ETBUS + revenus facturĂ©s Ă  des clients US depuis la France = revenus gĂ©nĂ©ralement considĂ©rĂ©s comme de source Ă©trangère, donc non imposables aux États-Unis.
  • LLC ETBUS + bureau, salariĂ©s, prĂ©sence rĂ©elle aux USA = revenus traitĂ©s comme de source amĂ©ricaine et imposables par l’IRS.

La subtilité, c’est que la frontière n’est pas toujours évidente. Un sous-traitant américain non-exclusif ne suffit pas à déclencher ETBUS, alors qu’une équipe dédiée, des licences spécifiques ou une présence quasi-permanente sur place peuvent basculer l’activité du mauvais côté si rien n’a été anticipé.

Élément analysé Situation non-ETBUS Situation ETBUS
Lieu d’exécution du travail Depuis la France ou un autre pays étranger Bureau, entrepôt ou locaux aux États-Unis
Ressources humaines Pas de salarié ni agent exclusif aux USA Équipe locale, représentant commercial dédié
Fréquence des opérations Occasionnelle, sans infrastructure sur place Activité continue, structurée, régulière sur le sol américain
Conséquence fiscale Souvent pas d’imposition US sur les bénéfices Imposition possible au niveau fédéral (et parfois des États)

RĂ´le des conventions fiscales et risque de double imposition

Pour un résident français, la convention fiscale France–États-Unis joue un rôle central. Elle évite, en principe, qu’un même revenu soit imposé deux fois de manière complète. La clé est la notion d’établissement stable : une base fixe d’affaires dans un pays. Si votre activité ne constitue pas un établissement stable aux États-Unis au sens de la convention, la France conserve en général le droit d’imposer ces bénéfices, même si vos clients sont américains.

  ImpĂ´ts et taxes d’une LLC amĂ©ricaine : guide simple pour les Français

Dans la pratique, un entrepreneur non-résident doit donc :

  • VĂ©rifier s’il est en situation ETBUS ou non-ETBUS.
  • Qualifier ses revenus de source amĂ©ricaine ou Ă©trangère.
  • Appliquer, le cas Ă©chĂ©ant, la convention fiscale pour Ă©viter une double taxation.

Cette séquence, simple sur le papier, demande souvent le regard d’un CPA qui maîtrise la fiscalité des non-résidents. Beaucoup d’entrepreneurs se font retenir des impôts à la source aux États-Unis alors qu’ils pourraient, légalement, n’y être pas imposables. Comprendre ces règles, c’est reprendre la main sur sa rentabilité.

Déclarations fiscales LLC aux États-Unis : formulaires, échéances et stratégie de conformité

Une fois clarifié le statut fiscal de la LLC (transparente ou imposée comme Corporation) et celui des associés (résidents ou non-résidents), reste à gérer la réalité : les déclarations IRS. C’est là que les dates du 15 mars et du 15 avril deviennent des jalons incontournables, et que les formulaires prennent enfin un sens concret. La LLC n’est pas seulement une boîte juridique : c’est un flux d’informations que l’IRS attend chaque année, même quand le chiffre d’affaires est nul.

Depuis 2017, le simple fait de détenir une LLC américaine peut suffire à générer une obligation de déclaration. L’absence d’activité n’exonère pas forcément de l’obligation de déposer les formulaires requis. De nombreux entrepreneurs l’apprennent trop tard, une fois les premières pénalités reçues.

Single Member LLC, Multi-Member LLC : qui déclare quoi et quand ?

La première distinction opérationnelle, côté IRS, est simple :

  • LLC Ă  associĂ© unique : assimilĂ©e Ă  une entreprise individuelle (si propriĂ©taire personne physique) ou Ă  une succursale (si propriĂ©taire sociĂ©tĂ©).
  • LLC Ă  plusieurs associĂ©s : assimilĂ©e Ă  une sociĂ©tĂ© de personnes (Partnership).

Les principales règles de calendrier :

  • LLC Ă  plusieurs associĂ©s : date limite de dĂ©pĂ´t de la dĂ©claration fĂ©dĂ©rale au 15 mars de l’annĂ©e suivante.
  • LLC Ă  un associĂ© unique : date limite au 15 avril.
  • PossibilitĂ© d’extension : un CPA peut dĂ©poser une demande de prolongation, offrant jusqu’à 6 mois supplĂ©mentaires.

Attention : l’extension prolonge le délai de dépôt, pas le délai de paiement d’un éventuel impôt dû. Si l’IRS estime qu’un montant devait être versé avant la date initiale, des intérêts et pénalités peuvent s’ajouter.

Type de LLC Traitement fiscal par défaut Date limite IRS Conséquence en cas de retard
Single Member LLC Entreprise individuelle (disregarded entity) 15 avril (extension possible au 15 octobre) Pénalités sur le retard et intérêts en cas d’impôt dû
Multi-Member LLC Partnership (Form 1065) 15 mars (extension possible au 15 septembre) Pénalité par associé et par mois de retard
LLC imposée comme C-Corp Corporation soumise à la Corporate Tax En général 15 avril (selon exercice fiscal) Pénalités spécifiques aux sociétés + intérêts

Pénalités, « late filing » et recours possibles

L’IRS sanctionne le retard de dépôt et l’absence de dépôt. Pour une LLC à plusieurs associés, la pénalité courante est de l’ordre de 220 $ par associé et par mois de retard, sur une durée pouvant aller jusqu’à plusieurs mois. Sur une LLC à deux membres en retard de 18 mois, cela peut représenter plusieurs milliers de dollars.

Plus le manquement paraît délibéré, plus le risque grimpe :

  • PĂ©nalitĂ©s pouvant atteindre 25 000 $ par associĂ© et par exercice dans certains cas graves.
  • RĂ©troactivitĂ© de l’IRS : jusqu’à 3 ans en cas de simple nĂ©gligence, 6 ans pour un manquement sĂ©rieux, et sans limite en cas de fraude avĂ©rĂ©e.

Deux outils existent néanmoins pour limiter la casse :

  • Le late filing : dĂ©poser les dĂ©clarations manquantes mĂŞme en retard, pour rĂ©duire l’exposition.
  • La demande de remise ou rĂ©duction de pĂ©nalitĂ©s : sous conditions, avec un dossier solide montĂ© par un CPA expĂ©rimentĂ©.

Dans la réalité, beaucoup de non-résidents s’en sortent mieux qu’ils ne le craignaient une fois que les déclarations sont régularisées proprement. La clé est de ne pas laisser le dossier s’envenimer plusieurs années de suite. Sur ce terrain, l’IRS n’oublie pas.

Déclaration des revenus de LLC en France : BIC, BNC, transparence et coordination avec l’IRS

Côté français, la logique est différente mais tout aussi structurée. Une LLC américaine détenue par un résident fiscal français est généralement vue comme une entité transparente. Les bénéfices sont imposés au nom des associés, qu’ils soient ou non versés sous forme de dividendes. Ce point surprend souvent les entrepreneurs qui pensent « ne rien devoir » tant qu’ils laissent les profits sur le compte bancaire de la société aux États-Unis.

  Double imposition France–USA : comment Ă©viter la surtaxe fiscale

La conséquence est claire : dès que la LLC réalise un bénéfice, la part qui revient à un résident français doit, en principe, être intégrée dans la déclaration française de revenus. Que l’IRS taxe ou non ces montants ne change pas cette obligation. La seule différence, c’est le jeu des crédits d’impôt et du traité pour éviter la double imposition.

Catégories de revenus et formulaires à utiliser en France

En France, les revenus issus d’une LLC américaine se rangent principalement dans deux catégories :

  • BĂ©nĂ©fices Industriels et Commerciaux (BIC) : pour les activitĂ©s de nĂ©goce, e-commerce, prestations commerciales, etc.
  • BĂ©nĂ©fices Non Commerciaux (BNC) : pour les activitĂ©s libĂ©rales, consulting, services intellectuels.

Le résident français doit alors :

  • IntĂ©grer sa part de bĂ©nĂ©fice dans la dĂ©claration 2042 C PRO.
  • PrĂ©ciser qu’il s’agit de revenus Ă©trangers, en dĂ©taillant l’origine amĂ©ricaine.
  • DĂ©clarer Ă©ventuellement les comptes bancaires ouverts Ă  l’étranger si la LLC dispose d’un compte hors de France.

Un travail de cohérence est indispensable entre :

  • Les chiffres dĂ©clarĂ©s Ă  l’IRS.
  • Les montants reportĂ©s dans la dĂ©claration française.
  • Les justificatifs (tax returns, Tax Return Transcript, K-1, etc.).
Élément Traitement côté États-Unis Traitement côté France
Bénéfice d’une LLC transparente Imposé chez les associés (1040 / 1040-NR) Imposé chez les associés (BIC/BNC via 2042 C PRO)
Imposition déjà payée aux USA Paiement à l’IRS, justificatifs conservés Crédit d’impôt possible selon la convention fiscale
Revenus non imposés aux USA (non-ETBUS) Pas d’impôt fédéral dans de nombreux cas Imposables intégralement en France
Comptes bancaires de la LLC Aucun impact particulier Obligation éventuelle de déclaration de comptes à l’étranger

Coordonner la fiscalité France–USA : pratique et vigilance

Dans la pratique, un résident français qui utilise une LLC américaine doit gérer trois chantiers simultanés :

  • La conformitĂ© IRS : dĂ©clarations fĂ©dĂ©rales (et Ă©ventuellement Ă©tatiques) dans les dĂ©lais, avec les bons formulaires.
  • La conformitĂ© française : dĂ©claration des revenus Ă©trangers, catĂ©gorisation BIC/BNC, respect des obligations de transparence.
  • La gestion de la double imposition : utilisation des dispositions de la convention pour Ă©viter de payer deux fois sur le mĂŞme bĂ©nĂ©fice.

Ce travail est rarement trivial, surtout quand l’activité croît vite (SaaS, e-commerce, infoproduits). Les montages qui semblent brillants sur les réseaux sociaux se heurtent vite à la réalité des formulaires IRS d’un côté, et de la déclaration 2042 C PRO de l’autre. La bonne approche consiste à clarifier ces points tôt, avant que le chiffre d’affaires ne décolle.

Gérer les risques : sanctions IRS, documentation et choix des bons professionnels

Le dernier volet des obligations fiscales d’une entreprise américaine concerne la gestion du risque. Créer une LLC sans maîtriser la partie déclarative, c’est comme lancer un e-commerce sans politique de retours clients : au début tout va bien, puis un jour la réalité rattrape l’entreprise. Avec l’IRS, cette réalité prend la forme de pénalités, d’intérêts et parfois de demandes de justification qui remontent plusieurs années en arrière.

Les non-résidents ont longtemps été moins ciblés. Ce n’est plus le cas. Entre l’échange automatique d’informations, les règles FATCA et une attention accrue aux structures détenues à l’étranger, les LLC de non-résidents sont désormais regardées avec beaucoup plus de sérieux par l’administration américaine.

Sanctions typiques et importance de la documentation

Les sanctions les plus courantes pour une LLC sont liées :

  • Au retard de dĂ©claration (oĂą la pĂ©nalitĂ© augmente par mois de dĂ©calage).
  • Ă€ l’absence de dĂ©pĂ´t (oĂą l’IRS peut reconstituer la base imposable Ă  sa manière).
  • Ă€ la mauvaise classification des revenus (rĂ©sident vs non-rĂ©sident, source amĂ©ricaine vs Ă©trangère).

Pour une LLC à plusieurs associés, la facture peut grimper très vite, surtout si l’absence de déclaration dure plusieurs exercices. C’est pour cela qu’une documentation rigoureuse est indispensable, des deux côtés de l’Atlantique :

  • Copies de toutes les dĂ©clarations IRS et justificatifs de paiement.
  • Tax Return Transcripts obtenus auprès de l’IRS.
  • ComptabilitĂ© claire, contrats, factures, relevĂ©s bancaires organisĂ©s.
  • Copies des dĂ©clarations françaises et des justificatifs liĂ©s aux revenus US.
Type de défaillance Conséquence potentielle Réflexe à adopter
Retard de quelques mois Pénalités limitées mais croissantes Déposer un « late filing » rapidement
Plusieurs années sans déclaration Pénalités élevées, contrôle possible Mandater un CPA pour un plan de régularisation
Erreur de statut (résident / non-résident) Surimposition ou risque de redressement Revoir la situation avec un expert des non-résidents
Absence de pièces justificatives Difficulté à contester, base imposable reconstituée d’office Mettre en place une organisation documentaire stricte

Se méfier des « ghost preparers » et choisir un CPA légitime

Un dernier point trop rarement abordé : le choix de la personne qui prépare vos déclarations IRS. Le marché est saturé d’« experts » autoproclamés, souvent présentés comme « consultants fiscaux », qui préparent les tax returns sans jamais les signer. L’IRS les appelle des ghost preparers. Sur le papier, ils vous « aident ». En réalité, l’administration ne voit que votre nom, pas le leur. Vous assumez donc 100 % du risque, sans aucun professionnel identifié en face.

Pour filtrer ces profils :

  • Exiger que le professionnel signe les formulaires envoyĂ©s Ă  l’IRS.
  • VĂ©rifier qu’il dispose d’un numĂ©ro officiel de prĂ©parateur reconnu par l’IRS.
  • Refuser toute prestation s’il refuse que ses coordonnĂ©es apparaissent sur les documents.

Un CPA sérieux :

  • Pose des questions prĂ©cises sur votre activitĂ©, votre rĂ©sidence, vos flux de revenus.
  • Explique le raisonnement derrière le choix du statut (ETBUS ou non-ETBUS, etc.).
  • Vous aide Ă  synchroniser la fiscalitĂ© amĂ©ricaine avec votre fiscalitĂ© locale (France, Suisse, Belgique…).

Dans un contexte où une simple LLC mal gérée peut déclencher des pénalités à cinq chiffres, s’entourer des bons partenaires n’est pas un luxe. C’est un coût fixe qui protège la marge et la tranquillité à long terme.

Quels sont les formulaires IRS principaux pour une LLC détenue par un non-résident ?

Pour une LLC à un seul membre détenue par un non-résident, le revenu imposable remonte généralement dans une déclaration 1040-NR, avec les annexes appropriées. Pour une LLC à plusieurs membres, la société dépose d’abord un Form 1065 (déclaration de Partnership) et remet un formulaire K-1 à chaque associé, qui reporte ensuite sa part de revenu dans sa propre déclaration (souvent 1040-NR pour un non-résident). Si la LLC a opté pour être imposée comme C-Corp, c’est le Form 1120 qui s’applique au niveau de la société.

Une LLC sans chiffre d’affaires doit-elle quand même déposer une déclaration IRS ?

Dans la plupart des cas, oui. Depuis la fin des années 2010, la simple détention d’une LLC américaine peut suffire à déclencher une obligation de dépôt, surtout pour les entités détenues par des non-résidents. Même en l’absence de chiffre d’affaires, l’IRS attend une déclaration qui confirme l’absence d’activité ou de revenus imposables. Ne rien déposer en se disant que la société est « inactive » expose à des pénalités, surtout si la situation dure plusieurs années.

Comment éviter la double imposition entre la France et les États-Unis avec une LLC ?

La clé est d’appliquer correctement la convention fiscale France–États-Unis. D’abord, il faut déterminer si votre activité américaine constitue un établissement stable aux États-Unis. Si ce n’est pas le cas, les bénéfices sont en général imposables en France. Si l’IRS taxe une partie du revenu (par exemple en cas de statut ETBUS), le résident français peut, sous conditions, bénéficier d’un crédit d’impôt correspondant à l’impôt payé aux États-Unis. La cohérence entre la déclaration IRS et la déclaration française, appuyée par des justificatifs, est essentielle pour éviter de payer deux fois.

Une LLC est-elle toujours la meilleure structure pour entreprendre aux États-Unis ?

Non. La LLC est très flexible et souvent intéressante, mais elle n’est pas idéale dans tous les cas. Pour certains projets recherchant des investisseurs institutionnels, une C-Corp peut être plus adaptée. Dans d’autres, une structure différente ou une implantation via établissement stable peut mieux correspondre au projet et au profil du fondateur. Avant de créer une LLC, il est important d’analyser le type d’activité, la localisation des clients, le pays de résidence des associés et la stratégie à moyen terme.

Que faire si l’IRS a déjà appliqué des pénalités à ma LLC ?

Il est possible de limiter l’impact des pénalités en réagissant rapidement. La première étape consiste à régulariser toutes les déclarations manquantes (late filing) avec l’aide d’un CPA. Ensuite, selon le contexte, une demande de remise partielle ou totale des pénalités peut être déposée, en démontrant la bonne foi, les circonstances particulières ou le fait que c’est la première fois que cette situation arrive. Plus les éléments sont documentés et présentés de manière professionnelle, plus les chances de réduction sont élevées.

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