CrĂ©er une entreprise amĂ©ricaine depuis la France, ce nâest pas seulement remplir quelques formulaires en ligne. Câest une dĂ©cision stratĂ©gique qui touche votre fiscalitĂ©, votre modĂšle Ă©conomique, votre image de marque et parfois mĂȘme votre vie personnelle. Le marchĂ© amĂ©ricain reste lâun des plus puissants de la planĂšte, avec plus de 330 millions de consommateurs et un Ă©cosystĂšme oĂč lâĂ©chec fait partie du jeu. Mais mal structurer sa sociĂ©tĂ©, choisir le mauvais Ătat ou ignorer les rĂšgles de lâIRS peut transformer un projet prometteur en source de stress permanent.
Ce guide 2026 sâadresse aux entrepreneurs francophones qui veulent lancer ou structurer un business amĂ©ricain Ă distance depuis la France : freelances, agences, e-commerçants, crĂ©ateurs SaaS, investisseurs. Lâobjectif nâest pas de vendre un ârĂȘve amĂ©ricainâ, mais de poser un cadre clair : quels avantages rĂ©els offre une sociĂ©tĂ© US, quelles structures juridiques tiennent la route pour un non-rĂ©sident, combien ça coĂ»te, quelles sont les options de visas, et comment rester en rĂšgle avec le fisc amĂ©ricain tout en Ă©vitant la double imposition avec la France. On y suit notamment lâexemple dâAlex, consultant web français qui dĂ©cide de crĂ©er une LLC au Wyoming pour facturer ses clients US plus simplement, sans sâexpatrier.
En bref :
- CrĂ©er une entreprise amĂ©ricaine depuis la France est lĂ©gal et frĂ©quent : une LLC peut ĂȘtre dĂ©tenue Ă 100 % par des non-rĂ©sidents, sans visa ni prĂ©sence sur place.
- Le choix de lâĂtat (Wyoming, Delaware, Nevada, FlorideâŠ) a un impact direct sur vos coĂ»ts, votre fiscalitĂ© et votre confidentialitĂ©.
- La LLC est la structure la plus adaptée pour la plupart des entrepreneurs français en ligne (consulting, SaaS, e-commerce, infoproduits).
- Budget réaliste la premiÚre année : autour de 3 000 $ entre création, agent enregistré, frais annuels et obligations fiscales minimales.
- Sans visa, vous pouvez possĂ©der la sociĂ©tĂ© mais pas travailler physiquement aux Ătats-Unis. Pour diriger sur place : visas E-2, E-1 ou L-1 selon le projet.
- La fiscalité US est prévisible mais exigeante : formulaires IRS (1040-NR, 1065, 5472/1120, etc.) et coordination avec la fiscalité française.
- La clĂ© n°1 : comprendre avant dâagir, Ă©viter les montages copiĂ©s sur des forums et faire valider les choix critiques par un professionnel.
Créer une entreprise américaine depuis la France : avantages réels et piÚges à anticiper en 2026
Avant de parler formulaires et statuts, il faut rĂ©pondre Ă une question simple : pourquoi crĂ©er une sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine plutĂŽt que rester avec une structure française ou europĂ©enne ? Pour certains, la rĂ©ponse est claire : clientĂšle essentiellement US, besoin de moyens de paiement locaux, volontĂ© de crĂ©dibiliser la marque aux Ătats-Unis. Pour dâautres, câest plus flou, souvent nourri de mythes du type âaux USA, on ne paie pas dâimpĂŽtsâ. Câest prĂ©cisĂ©ment lĂ que commencent les erreurs coĂ»teuses.
Le marchĂ© amĂ©ricain offre un environnement trĂšs diffĂ©rent de la France. Lâesprit entrepreneurial y est ancrĂ© : Ă©chouer, pivoter, recommencer, lever des fonds, tout cela est perçu comme normal. Ă lâinverse, un montage improvisĂ©, sans comprendre la fiscalitĂ© ni les obligations de reporting, peut vous exposer Ă des pĂ©nalitĂ©s IRS ou Ă des blocages bancaires, mĂȘme si votre activitĂ© reste modeste au dĂ©but.
Un environnement pro-business pour les entrepreneurs internationaux
Les Ătats-Unis restent parmi les pays oĂč il est le plus simple de crĂ©er une structure lĂ©gale. Dans certains Ătats, une LLC peut ĂȘtre créée en moins de 24 heures, entiĂšrement en ligne, sans capital minimum. En 2023, plus de 5,4 millions de nouvelles entreprises ont Ă©tĂ© enregistrĂ©es, preuve que la mĂ©canique administrative est rodĂ©e. Pour un entrepreneur français habituĂ© aux dĂ©lais et Ă la paperasse, la diffĂ©rence est flagrante.
Cet environnement se traduit concrĂštement par :
- Des procĂ©dures digitales pour la plupart des dĂ©marches : dĂ©pĂŽt des statuts, obtention dâun EIN, renouvellements annuels.
- Une culture du âbusiness firstâ : incubateurs, accĂ©lĂ©rateurs, communautĂ©s en ligne, meetups orientĂ©s rĂ©sultats.
- Une tolĂ©rance Ă lâĂ©chec : avoir fermĂ© une ou deux sociĂ©tĂ©s nâest pas une marque dâincompĂ©tence, mais souvent dâexpĂ©rience.
Alex, notre consultant web, a dĂ©couvert cet Ă©cosystĂšme en rejoignant un Slack dâentrepreneurs SaaS Ă New York. En quelques semaines, il a obtenu des retours sur ses offres, une mise en relation avec un CPA (expert-comptable US) et un contact dâagent enregistrĂ© fiable. Impossible Ă obtenir aussi vite en restant enfermĂ© dans son silo français.
Des avantages fiscaux⊠mais seulement si la structure est bien pensée
La fiscalitĂ© amĂ©ricaine nâest pas un paradis, mais elle est fragmentĂ©e par Ătat et permet des arbitrages intelligents. Certains Ătats comme le Wyoming ou le Nevada nâont pas dâimpĂŽt sur le revenu des sociĂ©tĂ©s, tandis que le Delaware est rĂ©putĂ© pour sa cour de chancellerie spĂ©cialisĂ©e en droit des affaires et lâabsence dâimposition sur les revenus gĂ©nĂ©rĂ©s en dehors de lâĂtat.
Exemples concrets dâavantages pour un entrepreneur français non-rĂ©sident :
- Optimisation de lâimpĂŽt sociĂ©tĂ© en Ă©vitant certains Ătats Ă fiscalitĂ© lourde (Californie, New York) lorsque lâactivitĂ© est essentiellement en ligne.
- ComptabilitĂ© parfois simplifiĂ©e pour de petites structures sans salariĂ©s ni stock, surtout si le chiffre dâaffaires reste modĂ©rĂ© au dĂ©but.
- PossibilitĂ© de limiter lâimposition US aux revenus rĂ©ellement considĂ©rĂ©s comme âeffectivement liĂ©sâ au territoire amĂ©ricain.
Attention toutefois : ces avantages nâannulent pas la fiscalitĂ© française. La convention fiscale FranceâĂtats-Unis vise Ă Ă©viter la double imposition, mais elle ne permet pas de âdisparaĂźtreâ du radar fiscal français. Si vous restez rĂ©sident fiscal en France, lâadministration française voudra comprendre comment vous vous rĂ©munĂ©rez via cette sociĂ©tĂ© US.
Protection juridique, confidentialité et image de marque
Au-delà des impÎts, une société américaine bien structurée offre :
- Responsabilité limitée : votre patrimoine personnel est séparé de la société (si vous respectez les bonnes pratiques de gestion).
- ConfidentialitĂ© renforcĂ©e dans certains Ătats (Wyoming, Nevada) oĂč les propriĂ©taires ne sont pas toujours listĂ©s publiquement.
- Crédibilité commerciale : facturer en dollars depuis une LLC US rassure certains clients américains, notamment dans le B2B.
Alex a vu son taux de signature grimper aprĂšs avoir remplacĂ© ses factures Ă©mises depuis une micro-entreprise française par des factures dâune LLC amĂ©ricaine. Rien nâa changĂ© dans son expertise, mais la perception cĂŽtĂ© client Ă©tait totalement diffĂ©rente.
| Avantage clé | Impact pour un Français non-résident | Point de vigilance |
|---|---|---|
| Simplicité de création | LLC créée en quelques heures, 100 % en ligne | Ne pas confondre simplicité de création et simplicité de gestion fiscale |
| Environnement pro-business | AccÚs à des incubateurs, VC, réseaux US | Nécessite du temps et une bonne compréhension culturelle |
| FiscalitĂ© modulable par Ătat | Possibles Ă©conomies selon lâĂtat dâimmatriculation | Ăviter de choisir un Ătat uniquement pour la âmodeâ (ex : Delaware) |
| Responsabilité limitée | Protection du patrimoine personnel | Obligation de séparer finances pro/perso pour que la protection tienne |
| Image de marque US | CrĂ©dibilitĂ© renforcĂ©e auprĂšs des clients amĂ©ricains | Doit ĂȘtre soutenue par un vrai service et une vraie stratĂ©gie |
En résumé, créer une entreprise américaine depuis la France est un levier puissant, à condition de le traiter comme une décision stratégique, pas comme un simple hack fiscal.

Choisir la bonne structure juridique US (LLC, CorporationâŠ) pour un entrepreneur basĂ© en France
Une fois la dĂ©cision prise de se lancer, la prochaine Ă©tape consiste Ă choisir la structure juridique adaptĂ©e Ă votre projet. Câest lĂ que beaucoup se contentent de recopier le choix du voisin : âtout le monde fait une LLC au Wyoming, donc je fais pareilâ. Mauvais rĂ©flexe. La bonne structure dĂ©pend de votre activitĂ©, de vos clients, de votre besoin de financement et de votre profil fiscal en France.
Pour un non-résident comme Alex, freelance en marketing digital, la LLC a été le meilleur compromis. Pour une start-up deeptech visant une levée de fonds auprÚs de fonds de la Silicon Valley, la C Corporation au Delaware est souvent incontournable.
La LLC amĂ©ricaine : lâarme polyvalente des non-rĂ©sidents
La Limited Liability Company (LLC) est aujourdâhui la forme la plus prisĂ©e des entrepreneurs Ă©trangers. Elle combine :
- Responsabilité limitée des membres (owners) à hauteur de leurs apports.
- FlexibilitĂ© fiscale : par dĂ©faut structure âtransparenteâ (les bĂ©nĂ©fices remontent aux associĂ©s), mais option possible pour ĂȘtre imposĂ©e comme une Corporation.
- Souplesse de gestion : peu dâobligations de rĂ©unions formelles, operating agreement contractuel, peu de formalisme interne.
Pour un Français non-résident :
- La LLC peut ĂȘtre dĂ©tenue Ă 100 % par un Ă©tranger, sans associĂ© amĂ©ricain.
- Aucune prĂ©sence physique obligatoire aux Ătats-Unis pour la crĂ©er.
- Gestion à distance possible avec un registered agent qui reçoit les courriers officiels.
Câest la raison pour laquelle Alex a choisi une LLC : il vend des prestations de conseil Ă des clients principalement amĂ©ricains, sans bureaux physiques ni salariĂ©s sur place. La structure reste lĂ©gĂšre, peu coĂ»teuse en gestion, tout en offrant une sĂ©paration nette entre son patrimoine personnel et son activitĂ©.
C Corporation, S Corporation et autres formes : quand sont-elles pertinentes ?
La C Corporation est la forme privilégiée des start-ups américaines qui veulent lever des fonds ou viser un jour la bourse. Elle présente certains avantages forts :
- EntitĂ© sĂ©parĂ©e juridiquement, avec Ă©mission dâactions.
- Ouverte aux investisseurs étrangers (contrairement à la S Corp).
- Structuration claire pour accueillir des business angels, VCs, stock options, etc.
En contrepartie, elle subit la fameuse double imposition : la sociĂ©tĂ© paie lâimpĂŽt sur ses bĂ©nĂ©fices, puis les dividendes versĂ©s aux actionnaires sont imposĂ©s Ă nouveau. Pour un entrepreneur solo basĂ© en France, sans ambitions de levĂ©es de fonds massives, ce nâest gĂ©nĂ©ralement pas la meilleure option.
La S Corporation, elle, permet dâĂ©viter la double imposition grĂące Ă un rĂ©gime âpass-throughâ. Mais elle est strictement rĂ©servĂ©e Ă :
- Des actionnaires résidents fiscaux américains.
- Un nombre limitĂ© dâactionnaires.
- Des personnes physiques (pas de holdings étrangÚres complexes).
Autrement dit, elle est presque toujours hors-jeu pour un entrepreneur français non-résident.
Entreprise individuelle et partnerships : pourquoi la prudence sâimpose
La Sole Proprietorship (entreprise individuelle) semble simple sur le papier, mais elle expose lâentrepreneur Ă une responsabilitĂ© illimitĂ©e. En cas de litige sĂ©rieux avec un client amĂ©ricain, lâintĂ©gralitĂ© du patrimoine personnel peut ĂȘtre visĂ©e. Pour un Ă©tranger, sans maĂźtrise totale du systĂšme juridique local, le risque est disproportionnĂ©.
Les Partnerships (General ou Limited) peuvent avoir du sens dans des montages avec des partenaires locaux, par exemple :
- Un restaurateur français sâassocie avec un chef basĂ© Ă Miami.
- Un promoteur immobilier français crée une Limited Partnership avec un investisseur US.
Mais là encore, la LLC tient généralement mieux la route en offrant une structure claire, reconnue partout, et un bon équilibre entre protection, fiscalité et simplicité administrative.
| Structure | Adaptée à un Français non-résident ? | Points forts | Limites / risques |
|---|---|---|---|
| LLC | Oui, trÚs souvent le meilleur choix | Souple, responsabilité limitée, création rapide, accessible aux étrangers | Fiscalité à bien cadrer, reporting IRS à ne pas négliger |
| C Corporation | Oui, pour les projets avec levée de fonds | Idéale pour VCs, structure standard des start-ups US | Double imposition, gouvernance plus lourde |
| S Corporation | Non, réservée aux résidents US | Pas de double imposition, régime pass-through | Inaccessible aux non-résidents, rÚgles strictes |
| Sole Proprietorship | Déconseillée | TrÚs simple à créer | Responsabilité illimitée, peu protectrice |
| Partnership | Cas spécifiques avec partenaires locaux | Flexibilité contractuelle | Responsabilité parfois illimitée, montage plus complexe |
Au final, la question nâest pas âQuelle structure les autres ont choisi ?â mais âQuelle structure colle Ă mon activitĂ©, Ă mon risque et Ă mon horizon de dĂ©veloppement ?â.
Ătapes concrĂštes pour immatriculer une sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine depuis la France
Passons au concret : comment un entrepreneur basĂ© Ă Lyon, Bruxelles ou MontrĂ©al peut-il crĂ©er lĂ©galement une entreprise aux Ătats-Unis sans prendre lâavion ? La bonne nouvelle : tout ou presque est faisable Ă distance. La mauvaise : il faut suivre un ordre logique, sinon on perd du temps et de lâargent.
Alex a mis environ trois semaines entre le moment oĂč il a clarifiĂ© son business plan et la rĂ©ception des premiers paiements sur son compte pro US. Le chemin nâest pas magique, mais il est reproductible avec mĂ©thode.
Clarifier son modĂšle et choisir lâĂtat dâimmatriculation
Avant mĂȘme de remplir un seul formulaire, il est crucial de rĂ©pondre Ă quelques questions de base :
- Qui sont vos clients principaux (US uniquement, monde entier, France incluse) ?
- Votre activité nécessite-t-elle une présence physique (boutique, bureaux, stock) ou reste-t-elle 100 % en ligne ?
- Envisagez-vous de lever des fonds auprĂšs dâinvestisseurs US Ă moyen terme ?
Les rĂ©ponses orientent le choix de lâĂtat :
- Wyoming : frais modĂ©rĂ©s, pas dâimpĂŽt sur le revenu, confidentialitĂ© renforcĂ©e, souvent choisi pour les solopreneurs en ligne.
- Delaware : droit des sociétés trÚs développé, apprécié des investisseurs, standard pour les C Corps.
- Nevada : pas dâimpĂŽt sur le revenu des sociĂ©tĂ©s, protection de la vie privĂ©e, mais parfois surcotĂ© par le marketing.
- Floride : intéressant pour les activités liées au commerce international, logistique, tourisme.
Alex a retenu le Wyoming, car il nâavait ni bureau physique, ni Ă©quipe locale, ni projet de levĂ©e de fonds Ă court terme. Son objectif : limiter les coĂ»ts rĂ©currents et rester simple.
Processus en pratique : du nom de la sociĂ©tĂ© Ă lâEIN
Une fois lâĂtat choisi, la crĂ©ation suit gĂ©nĂ©ralement ces Ă©tapes :
- VĂ©rification et rĂ©servation du nom commercial auprĂšs de lâĂtat (avec âLLCâ si câest votre structure).
- Choix dâun registered agent local, obligatoire : câest lâadresse officielle qui reçoit les courriers administratifs.
- DĂ©pĂŽt des Articles of Organization / Incorporation (statuts simplifiĂ©s) et paiement des frais dâenregistrement.
- RĂ©daction dâun Operating Agreement (pour une LLC) qui prĂ©cise les rĂšgles internes : rĂ©partition des parts, pouvoirs, modalitĂ©s de dĂ©cision.
- Demande dâEIN (Employer Identification Number) auprĂšs de lâIRS, indispensable pour la banque et la fiscalitĂ©.
Certains prestataires proposent des âpackagesâ qui combinent ces Ă©tapes. Le point clĂ© reste de garder la maĂźtrise des documents : lâOperating Agreement ne doit pas ĂȘtre un simple PDF non lu, mais un contrat que vous comprenez.
Budget initial et coûts récurrents réalistes
CrĂ©er une sociĂ©tĂ© aux Ătats-Unis nâest pas gratuit, mais ce nâest pas hors de portĂ©e. Un ordre de grandeur raisonnable pour une LLC gĂ©rĂ©e sĂ©rieusement :
- CrĂ©ation et enregistrement : 200 Ă 800 $ selon lâĂtat et le prestataire.
- Registered agent : 100 Ă 300 $ / an.
- DĂ©clarations annuelles et frais dâĂtat : 200 Ă 800 $ / an.
- Support comptable et fiscal (CPA) : trĂšs variable, mais comptez au moins 800 Ă 1 500 $ / an pour une structure simple.
Au total, un budget dâenviron 3 000 $ la premiĂšre annĂ©e est rĂ©aliste pour une LLC propre, bien dĂ©clarĂ©e, avec un minimum dâaccompagnement professionnel.
| Poste de coût | Fourchette typique | Fréquence |
|---|---|---|
| Frais de crĂ©ation de la LLC | 200 â 800 $ | Une seule fois Ă la crĂ©ation |
| Registered agent | 100 â 300 $ | Annuel |
| Rapport annuel / franchise tax | 100 â 600 $ | Annuel, selon lâĂtat |
| Support comptable & fiscal | 800 â 1 500 $ | Annuel, selon complexitĂ© |
| Total estimĂ© annĂ©e 1 | â 3 000 $ | Budget global |
Lâimportant est de considĂ©rer ces montants comme un investissement de structure et non une simple dĂ©pense : ils achĂštent de la sĂ©curitĂ© juridique, de la crĂ©dibilitĂ© et de la sĂ©rĂ©nitĂ© fiscale.
Fiscalité américaine et obligations pour un entrepreneur français non-résident
CrĂ©er une sociĂ©tĂ© est une chose. La garder en rĂšgle avec lâIRS en est une autre. Câest souvent lĂ que les problĂšmes commencent, car beaucoup dâentrepreneurs se concentrent sur la crĂ©ation, puis oublient lâaprĂšs. Or, les pĂ©nalitĂ©s fiscales amĂ©ricaines peuvent ĂȘtre lourdes, mĂȘme pour une petite structure.
Un point clĂ© Ă garder en tĂȘte : en tant que rĂ©sident fiscal français, vous ne sortez pas du radar du fisc français en crĂ©ant une LLC. Vous ajoutez simplement un deuxiĂšme terrain de jeu : le systĂšme fiscal amĂ©ricain. Lâenjeu est de coordonner les deux sans contradiction.
Comment fonctionne la fiscalité US pour un non-résident ?
Le systÚme fiscal américain opÚre à plusieurs niveaux :
- Fédéral : IRS, impÎt sur le revenu ou sur les sociétés.
- Ătatique : chaque Ătat peut avoir ses propres taxes sur les sociĂ©tĂ©s, sur les ventes, etc.
- Local : certaines villes ou comtés ajoutent encore leur couche.
Pour un non-résident :
- Lâimposition porte gĂ©nĂ©ralement sur les revenus âeffectivement liĂ©sâ aux Ătats-Unis (effectively connected income).
- Lâexistence dâun âpermanent establishmentâ (Ă©tablissement stable) reste un sujet technique, Ă analyser avec un professionnel.
- La convention fiscale FranceâĂtats-Unis vise Ă Ă©viter que le mĂȘme revenu soit imposĂ© deux fois sans crĂ©dit dâimpĂŽt.
Alex, par exemple, facture ses clients amĂ©ricains via sa LLC. Il doit dĂ©clarer ces revenus cĂŽtĂ© US, puis les intĂ©grer dans sa dĂ©claration française avec les mĂ©canismes prĂ©vus par la convention. Ignorer lâun des deux systĂšmes serait une erreur.
Les principaux formulaires IRS Ă connaĂźtre
Selon votre structure et votre détention étrangÚre, plusieurs formulaires peuvent entrer en jeu :
- 1040-NR : déclaration de revenus pour non-résident, si des revenus sont attribuables à votre personne.
- 1065 : pour une LLC considérée comme partnership (plusieurs membres).
- 5472 et 1120 : pour une LLC considĂ©rĂ©e comme âdisregarded entityâ mais dĂ©tenue par un Ă©tranger Ă 25 % ou plus, avec transactions liĂ©es.
Ces formulaires ne sont pas âoptionnelsâ. Un simple oubli du 5472/1120 pour une LLC dĂ©tenue par un non-rĂ©sident peut entraĂźner des pĂ©nalitĂ©s de plusieurs milliers de dollars. Autant dire que lâĂ©conomie rĂ©alisĂ©e en Ă©vitant un CPA se paye trĂšs vite.
Articulation avec la France : éviter les mauvaises surprises
En France, le fisc sâintĂ©ressera Ă deux sujets :
- Votre rémunération personnelle : salaire, dividendes, prestations facturées à la LLC, etc.
- Un éventuel abus de droit si la structure US est purement artificielle et ne correspond à aucune réalité économique.
Les bonnes pratiques pour rester serein :
- Documenter la raison dâĂȘtre Ă©conomique de la sociĂ©tĂ© US (clients, contrats, moyens de paiement, logistique, etc.).
- Ăviter de faire transiter tous les flux français dans une LLC US sans justification claire.
- Faire vérifier la cohérence du montage par un expert maßtrisant les deux systÚmes (français et américain).
| Situation | Impact fiscal US | Impact fiscal France |
|---|---|---|
| LLC dĂ©tenue par un Français non-rĂ©sident, activitĂ© en ligne | Possibles obligations 5472/1120, dĂ©claration des revenus US | DĂ©claration des revenus mondiaux du rĂ©sident, crĂ©dit dâimpĂŽt possible |
| Salaire versé par la LLC au dirigeant en France | Société déduit le salaire en charge | Salaire imposable en France, charges sociales françaises |
| Dividendes distribués | Potentiel prélÚvement à la source US | Intégration dans le revenu français, aménagement par convention |
| LLC non déclarée cÎté français | Pénalités possibles en cas de contrÎle IRS | Risque fiscal élevé (dissimulation, abus de droit) |
Le message est simple : crĂ©er, câest simple ; rester en rĂšgle, câest ce qui fait la diffĂ©rence entre un business durable et une bombe Ă retardement fiscale.
Visas, prĂ©sence physique et stratĂ©gie dâimplantation progressive aux Ătats-Unis
Autre confusion frĂ©quente : possĂ©der une sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine ne veut pas dire que lâon peut travailler physiquement aux Ătats-Unis. Sans visa appropriĂ©, un entrepreneur français ne peut ni gĂ©rer un magasin sur place, ni ĂȘtre salariĂ© localement, mĂȘme sâil est le propriĂ©taire de la LLC. DâoĂč lâimportance de distinguer deux choses : la structure lĂ©gale et le droit au sĂ©jour/travail.
Pour beaucoup, lâapproche la plus saine consiste Ă commencer Ă distance (LLC + marchĂ© US en ligne), puis seulement ensuite envisager un visa si le business le justifie.
Les principaux visas business : E-2, E-1, L-1
Trois catégories de visas reviennent réguliÚrement pour les entrepreneurs :
- Visa E-2 investisseur : basĂ© sur un investissement âsubstantielâ (souvent Ă partir de 100 000 $) dans une entreprise US contrĂŽlĂ©e majoritairement par des ressortissants du mĂȘme pays.
- Visa E-1 trader : adaptĂ© aux entreprises dont plus de 51 % du commerce se fait entre les Ătats-Unis et le pays dâorigine.
- Visa L-1 : pour les transferts intra-groupe, lorsquâune sociĂ©tĂ© française envoie un cadre ou un expert ouvrir ou gĂ©rer une filiale US.
Pour Alex, ces options ne sont pas immĂ©diates : son activitĂ© fonctionne trĂšs bien Ă distance. En revanche, une fois son chiffre dâaffaires stabilisĂ© et une Ă©quipe formĂ©e, il pourrait envisager un E-2 en investissant dans un bureau et du personnel sur place.
Construire une stratĂ©gie dâimplantation progressive
Une implantation rĂ©flĂ©chie se fait rarement âdâun coupâ. Une sĂ©quence rĂ©aliste pour un entrepreneur français en ligne :
- Phase 1 : crĂ©ation dâune LLC, validation du product-market fit avec des clients US Ă distance.
- Phase 2 : structuration de la comptabilité, signature de contrats plus importants, éventuels premiers freelances US.
- Phase 3 : réflexion visa si la présence physique devient un vrai levier (prospection, événements, recrutement local).
Cette progression permet de limiter le risque : inutile de dĂ©poser 150 000 $ dans un projet E-2 si lâoffre nâa jamais Ă©tĂ© testĂ©e rĂ©ellement auprĂšs de clients amĂ©ricains.
| Visa | Profil type | Conditions clés | Durée et renouvellement |
|---|---|---|---|
| E-2 Investisseur | Entrepreneur qui investit dans une sociĂ©tĂ© US active | Investissement substantiel, contrĂŽle de lâentreprise, activitĂ© non marginale | GĂ©nĂ©ralement 2 Ă 5 ans, renouvelable tant que lâentreprise tourne |
| E-1 Trader | Entreprise avec flux commerciaux importants FranceâUSA | Au moins 51 % du commerce avec le pays dâorigine | Renouvelable si le volume de commerce est maintenu |
| L-1 | Dirigeant ou employĂ© clĂ© transfĂ©rĂ© dâune sociĂ©tĂ© française vers la filiale US | Au moins 1 an dâanciennetĂ© dans la sociĂ©tĂ© mĂšre, lien capitalistique clair | 1 Ă 3 ans initialement, prolongeable jusquâĂ 5â7 ans |
Le bon réflexe consiste à traiter les visas comme un outil au service du business, pas comme une fin en soi.
Un Français peut-il crĂ©er une LLC amĂ©ricaine sans visa ni se rendre aux Ătats-Unis ?
Oui. Un entrepreneur français peut crĂ©er et dĂ©tenir 100 % d’une LLC amĂ©ricaine Ă distance, sans rĂ©sidence ni visa US. La crĂ©ation se fait en ligne via un agent enregistrĂ© dans l’Ătat choisi, et l’obtention de l’EIN peut Ă©galement ĂȘtre gĂ©rĂ©e Ă distance. En revanche, cela ne donne pas le droit de travailler physiquement sur le sol amĂ©ricain ; pour cela, un visa adaptĂ© est nĂ©cessaire.
Quel est le meilleur Ătat pour crĂ©er une sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine depuis la France ?
Il n’existe pas d’Ătat ‘magique’. Pour une activitĂ© en ligne sans prĂ©sence physique, le Wyoming et le Delaware sont souvent citĂ©s : le Wyoming pour ses frais modĂ©rĂ©s et sa confidentialitĂ©, le Delaware pour son droit des sociĂ©tĂ©s trĂšs dĂ©veloppĂ©, surtout en C Corp. Le choix doit dĂ©pendre de votre activitĂ©, de vos clients et de votre stratĂ©gie de dĂ©veloppement, pas uniquement de ce que recommandent les forums.
Combien coĂ»te la crĂ©ation d’une LLC aux Ătats-Unis pour un non-rĂ©sident ?
En moyenne, il faut prĂ©voir autour de 3 000 $ la premiĂšre annĂ©e : frais d’Ătat et d’immatriculation (200 Ă 800 $), agent enregistrĂ© (100 Ă 300 $ par an), rapport annuel ou taxe de franchise selon l’Ătat, et un minimum de support comptable et fiscal (800 Ă 1 500 $ par an pour une structure simple). Ces montants varient selon l’Ătat choisi et le niveau d’accompagnement.
Une sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine permet-elle d’Ă©chapper aux impĂŽts en France ?
Non. Si vous restez rĂ©sident fiscal français, vous restez imposable en France sur vos revenus mondiaux. La sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine crĂ©e une base imposable amĂ©ricaine pour les revenus liĂ©s aux Ătats-Unis, mais la convention fiscale FranceâĂtats-Unis vise Ă Ă©viter la double imposition, pas Ă effacer tout impĂŽt. Un montage purement artificiel via une LLC peut ĂȘtre requalifiĂ© par l’administration française.
Faut-il obligatoirement un expert-comptable américain pour une petite LLC sans salariés ?
Juridiquement, ce n’est pas obligatoire, mais c’est fortement recommandĂ© dĂšs que vous avez du chiffre d’affaires, surtout en tant que non-rĂ©sident. Les formulaires IRS (5472, 1120, 1065, 1040-NR, etc.) sont techniques, et les pĂ©nalitĂ©s en cas d’oubli peuvent ĂȘtre Ă©levĂ©es. Un CPA habituĂ© aux clients Ă©trangers sĂ©curise vos dĂ©clarations et vous aide Ă articuler correctement fiscalitĂ© US et française.


