Ouvrir un compte bancaire professionnel aux USA quand on vit en Europe n’est plus réservé aux grands groupes ou aux expatriés. De plus en plus de freelances, e-commerçants, agences et SaaS francophones structurent une LLC américaine tout en restant basés en France, en Belgique ou en Suisse. Le blocage arrive souvent au même endroit : la banque. Entre l’obligation de présence physique, les contrôles KYC, la fiscalité américaine et les offres fintech qui se multiplient, difficile de savoir par où commencer ni à qui faire confiance.
L’enjeu est pourtant stratégique. Un compte pro aux États-Unis permet d’encaisser en dollars sans frictions, de payer fournisseurs et prestataires locaux, de renforcer la crédibilité vis-à -vis des clients américains et, surtout, de bien séparer le flux US du reste de l’activité. À l’inverse, un montage bancal peut déclencher des questions du fisc, ralentir les encaissements ou faire sauter une campagne marketing au pire moment. L’objectif n’est pas de “bricoler” un compte en douce, mais de structurer un dispositif propre, conforme et gérable à distance. Les lignes qui suivent détaillent cette démarche, avec un regard d’entrepreneur : ce qui marche vraiment, ce qui coince, et les solutions concrètes pour contourner les blocages sans sortir du cadre.
En bref :
- Sans entité US (LLC ou Corporation) et sans EIN, pas de vrai compte bancaire pro américain : la structure vient avant la banque.
- Depuis l’Europe, la majorité des banques traditionnelles exigent encore une présence physique au rendez-vous d’ouverture, mais des options 100 % en ligne existent via les fintechs.
- Les banques US appliquent des règles KYC/AML strictes : il faut prouver l’origine des fonds, l’activité réelle et la structure de propriété.
- Un mix banque traditionnelle + néobanque/fintech est souvent la combinaison la plus efficace pour une société gérée depuis l’Europe.
- Le choix de la banque doit tenir compte des frais en devises, intégrations comptables, cartes, et exigences de solde minimum.
Ouvrir un compte bancaire pro aux USA depuis l’Europe : comprendre le cadre réel
Avant de signer la moindre offre, il faut poser le décor : un compte bancaire pro américain n’est pas juste un “wallet en dollars”. C’est un compte lié à une entité légale enregistrée aux États-Unis, sous le regard de la réglementation bancaire américaine, des lois anti-blanchiment (AML) et de la fiscalité fédérale et parfois locale. Imaginer ouvrir ce type de compte comme on ouvre un compte perso en ligne en Europe est une erreur fréquente… qui se paie en refus de dossier ou en clôture unilatérale quelques mois plus tard.
Un exemple concret : une petite agence marketing basée à Lyon lance une LLC au Delaware pour facturer ses clients américains. Elle ouvre un simple compte multi-devises en Europe, en se disant que ça suffira. Résultat : les clients US demandent un compte domestique américain pour leurs virements ACH, la société se fait facturer des frais de change à chaque paiement, et la crédibilité perçue côté américain reste faible. Moralité : pour jouer sur un marché, il faut adopter ses standards bancaires.
Structure US, EIN, agent enregistré : les prérequis incontournables
Pour ouvrir un compte pro aux États-Unis depuis l’Europe, certains éléments sont non négociables. Sans eux, la plupart des banques ne regarderont même pas votre dossier. Les prérequis classiques sont :
- Une LLC ou une Corporation dûment créée dans un État américain (souvent Delaware, Wyoming, Nevada, Floride…)
- Un EIN (Employer Identification Number) obtenu auprès de l’IRS, qui sert de numéro fiscal pour la société
- Un agent enregistré dans l’État de constitution, chargé de recevoir les documents officiels
- Un Operating Agreement (pour une LLC) ou des Bylaws (pour une Corporation), définissant la gouvernance
- Les articles of organization / incorporation émis par l’État
Un entrepreneur européen qui essaie de contourner ces étapes avec un simple compte “business” d’une néobanque européenne en dollars se prive des principaux avantages d’un vrai compte US : encaissement par virement domestique (ACH), possibilité de se brancher aux plateformes américaines (Stripe US, processeurs de paiement locaux), construction d’un credit history pour la société, etc. Le compte bancaire doit donc être pensé comme l’extension d’une structure US cohérente, pas comme un gadget pour encaisser quelques paiements.
Pourquoi les banques US sont particulièrement exigeantes avec les non-résidents
Depuis les grandes réformes post-crise financière, les banques américaines ont renforcé leurs contrôles sur les comptes d’entreprise, encore plus quand les bénéficiaires effectifs vivent à l’étranger. Le risque perçu est simple : blanchiment, fraude fiscale, structures écrans. Résultat, les responsables conformité exigent :
- Des justificatifs d’identité solides pour tous les propriétaires et signataires
- Une description précise de l’activité économique (site web, contrats, business plan)
- Des preuves de l’origine des fonds qui alimenteront le compte (revenus existants, levée de fonds, épargne…)
- La transparence sur toute chaîne de détention si la LLC est elle-même détenue par une autre société
C’est pour cette raison que de plus en plus de banques américaines délèguent la partie pédagogique à des équipes dédiées aux clients internationaux, ou travaillent de concert avec des cabinets (avocats, CPAs) qui pré-sélectionnent les dossiers solides. Pour un entrepreneur européen, la bonne stratégie consiste à arriver avec un dossier carré et un discours clair : qui paie ? pour quelle activité ? depuis quel pays ? Sans ce niveau de précision, l’ouverture de compte devient une loterie.
| Élément | Pourquoi c’est indispensable | Risque si absent ou flou |
|---|---|---|
| LLC ou Corporation US | Base légale du compte professionnel | Refus systématique de la plupart des banques |
| EIN | Identification fiscale auprès de l’IRS | Impossibilité d’ouvrir un vrai compte business |
| Agent enregistré | Adresse officielle pour la société | Dossier incomplet, non conforme aux États |
| Documents KYC complets | Conformité AML, transparence | Blocage, délais, clôture potentielle |
| Business model clair | Compréhension du risque par la banque | Suspicion, limitations sur le compte |
Comprendre ce cadre, c’est déjà réduire de moitié le risque d’échec. La suite se joue sur la préparation des documents, puis sur le choix du bon partenaire bancaire.

Documents et démarches pour ouvrir un compte pro US quand on est basé en Europe
Une fois la structure créée, le vrai travail commence : assembler un dossier bancaire complet. C’est souvent là que les entrepreneurs perdent des semaines, faute d’anticiper les exigences des banques américaines. L’idée est de fournir à la fois les pièces légales de la société, les pièces d’identité, et des éléments qui prouvent la réalité de l’activité. Plus le dossier est précis, plus le rendez-vous bancaire devient une formalité administrative, pas un interrogatoire.
Pour illustrer, prenons le cas d’une boutique en ligne basée à Bruxelles qui vend des compléments alimentaires aux États-Unis via Amazon FBA. Sans préparation, la banque demandera : qui fabrique, qui vend, qui encaisse, qui supporte les retours ? Avec un dossier prêt (contrats fournisseurs, captures d’écran du seller central, projections de ventes), le banquier comprend le modèle et peut valider plus vite.
La check-list des pièces généralement demandées
Chaque banque a ses spécificités, mais une trame se retrouve partout. Les éléments suivants sont quasi systématiques pour un compte d’entreprise US détenu par un non-résident :
- Articles of Organization / Incorporation de la société
- Operating Agreement (LLC) ou Bylaws (Corporation)
- Certificat de bonne standing si la société a déjà plusieurs mois d’existence
- EIN letter de l’IRS confirmant le numéro fiscal
- Pièces d’identité (passeport, parfois second document) pour chaque bénéficiaire effectif
- Justificatif d’adresse (en Europe + adresse de l’agent enregistré aux USA)
- Business plan ou présentation de l’activité (même sommaire, mais claire)
- Preuves de l’origine des fonds initiaux (relevés, attestations, contrats)
- Le cas Ă©chĂ©ant, dĂ©clarations fiscales rĂ©centes de la structure si elle existe dĂ©jĂ
Un point souvent sous-estimé : la langue des documents. Une banque américaine ne traitera pas des statuts ou bilans uniquement en français. Les versions en anglais, idéalement traduites par un professionnel, fluidifient le processus de validation interne. Cette dépense modeste évite des semaines d’allers-retours.
Mettre en forme un dossier “banque-ready” pour gagner du temps
Les équipes conformité des banques américaines traitent des centaines de dossiers. Plus vos documents sont clairs, organisés et compréhensibles, plus votre cas sera traité rapidement. Une bonne pratique consiste à préparer un dossier unique structuré comme suit :
- Un document de synthèse d’une à deux pages présentant l’activité, les pays impliqués, le chiffre d’affaires attendu, les sources de fonds
- Une section “Société” avec la constitution, l’EIN, l’agent enregistré, l’organigramme
- Une section “Dirigeants et actionnaires” avec les copies de passeports, adresses, pourcentages de détention
- Une section “Activité économique” avec site web, exemples de contrats, flux de paiement typiques
- Une section “Financement” expliquant d’où vient le capital initial et comment il sera utilisé
Cette logique montre que vous savez où vous allez et que votre projet n’est pas une coquille vide. Pour une banque, cela change tout : un dossier propre inspire confiance et justifie qu’on passe du temps dessus.
| Type de document | Contenu attendu | Bon réflexe pour un résident européen |
|---|---|---|
| Pièces légales de la société | Articles, Operating Agreement, EIN | Demander systématiquement les versions anglaises officielles |
| Identité des associés | Pièces d’identité + adresses | Préparer scans haute qualité et traductions des justificatifs si besoin |
| Business plan | Activité, marché, flux financiers | Insister sur la part US vs Europe, modes de paiement, plateformes utilisées |
| Origine des fonds | Relevés, contrats, preuves de revenus | Éviter les flux trop complexes, privilégier une source simple et traçable |
| Historique comptable | Bilan, P&L si existants | Fournir au moins un état simplifié en anglais même pour une jeune structure |
Avec ce niveau de préparation, l’étape suivante – le choix de la banque et la prise de rendez-vous – devient un exercice stratégique plutôt qu’une succession d’essais infructueux.
Banques US vs fintech : quelles options pour un compte pro quand on reste en Europe ?
Une fois la structure et le dossier prêts, la question devient : avec qui ouvrir le compte ? Le marché se divise en deux grandes familles : les banques traditionnelles américaines (Chase, Bank of America, Wells Fargo, Citibank, etc.) et les solutions fintech / néobanques spécialisées dans les entreprises internationales (Mercury, Brex, Wise Business, et autres). Chacune a ses forces et ses limites, surtout pour un dirigeant qui vit en Europe.
Pour un entrepreneur basé à Paris qui ne prévoit pas de voyager aux États-Unis tous les quatre matins, la contrainte majeure est la présence physique souvent requise par les grandes banques. Beaucoup exigent encore que le signataire du compte se présente en agence, passe l’entretien et signe les documents sur place. Les fintechs, elles, ont construit des parcours 100 % en ligne, pensés précisément pour ce type de profil international.
Panorama des grandes banques américaines adaptées aux sociétés étrangères
Parmi les banques “classiques”, certaines ont développé un savoir-faire particulier avec les clients non-résidents et les entreprises étrangères :
- Chase : réseau massif, outils de trésorerie avancés, packages pour entreprises en croissance internationale.
- Bank of America : forte présence mondiale, bonne intégration avec les logiciels de comptabilité, services complets pour le commerce international.
- Wells Fargo : réputée pour l’accompagnement des PME et des financements sur mesure, surtout si l’activité se concentre à l’Ouest des USA.
- Citibank : profil très international, intéressante pour des structures déjà présentes dans plusieurs pays.
Ces acteurs restent puissants, mais exigent presque toujours un passage en agence, voire une relation déjà existante (compte perso, références, avocat introduisant le dossier). Pour un entrepreneur européen qui veut limiter les allers-retours, ce n’est pas toujours optimal au démarrage.
Les solutions fintech et néobanques : atout majeur pour les non-résidents
En parallèle, une nouvelle génération de services a émergé, avec une approche beaucoup plus digitale. Trois noms ressortent régulièrement pour ouvrir un compte pro US à distance :
- Mercury : compte business en ligne pour LLC et C-Corp, très prisé des startups tech. Parcours d’ouverture entièrement digital, API, intégrations avec les outils de finance.
- Brex : plutôt positionné comme une solution de carte de crédit d’entreprise avec compte associé, conçu pour les sociétés à croissance rapide.
- Wise Business : leader sur les comptes multi-devises et les transferts internationaux avec frais transparents, utile pour connecter des flux Europe USA.
Ces acteurs ne sont pas des banques au sens classique, mais fonctionnent en partenariat avec des établissements licenciés. Leur force : permettre à un dirigeant situé en Europe de disposer de coordonnées bancaires US (numéro de routing, compte en dollars) sans monter dans un avion, tout en bénéficiant d’outils modernes de gestion de trésorerie.
| Solution | Point fort pour un résident européen | Limitation principale |
|---|---|---|
| Chase / Bank of America | Services complets, crédibilité très forte | Présence physique quasi obligatoire pour l’ouverture |
| Citibank | Réseau mondial, adapté aux groupes multi-pays | Process d’onboarding parfois lourd, surtout pour les petites structures |
| Mercury | Ouverture 100 % en ligne, pensé pour les LLC de non-résidents | Pas idéal pour les dépôts d’espèces ou les opérations très “physiques” |
| Brex | Cartes et dépenses, parfait pour gérer une équipe répartie | Souvent réservé aux structures déjà financées ou avec un minimum de traction |
| Wise Business | Multi-devises, transferts Europe USA très compétitifs | Ce n’est pas une banque US classique, certains partenaires exigent un compte domestique |
Pour un entrepreneur qui vit en Europe, la solution la plus robuste consiste souvent à combiner un partenaire fintech pour la rapidité et, à terme, une relation avec une banque traditionnelle si le volume US justifie un déplacement et une structuration plus lourde.
Étapes concrètes pour ouvrir un compte bancaire pro US à distance quand on vit en Europe
Théorie posée, il faut maintenant dérouler un processus pragmatique. L’idée n’est pas d’envoyer des candidatures à dix banques, mais d’avancer par étapes, avec des critères clairs. Pour rendre le tout plus palpable, prenons le cas d’“Alex”, développeur freelance basé à Lille, qui veut vendre un SaaS en abonnement à des clients américains via une LLC au Wyoming.
Alex a déjà sa structure, son EIN, son agent enregistré, et un début de traction côté clients pilotes. Ce qui lui manque : un compte bancaire US pour encaisser en dollars, se connecter à ses processeurs de paiement, et payer quelques prestataires locaux. Plutôt que de viser directement une grande banque physique, il va suivre une logique en plusieurs temps.
Un déroulé pas à pas, de la sélection à l’activation du compte
Pour quelqu’un qui vit en Europe, un chemin réaliste ressemble à ceci :
- Clarifier ses besoins : volume de transactions prévu, nécessité de cartes physiques/virtuelles, importance d’un réseau d’agences, besoins en change EUR/USD.
- Comparer les offres : regarder les frais (mensuels, virements, cartes), les pays servis, les limitations pour les non-résidents, les intégrations comptables.
- Présélectionner 1 à 2 fintechs et éventuellement 1 banque traditionnelle si un voyage aux USA est envisageable à moyen terme.
- Préparer un dossier numérique complet (PDF structuré) comme vu plus haut, prêt à être partagé.
- Lancer la demande d’ouverture en ligne (Mercury, Wise Business, etc.) avec les documents traduits et bien nommés.
- Répondre vite aux demandes complémentaires (précisions sur l’activité, lien du site, preuves de fonds).
- Une fois le compte validé, configurer l’accès en ligne, les cartes, les alertes, et connecter l’outil de comptabilité.
Cette séquence évite de se retrouver à improviser au moment où la plateforme demande des justificatifs. Les solutions les plus sérieuses participent à des comparateurs spécialisés, qui recensent les frais et fonctionnalités : à ce stade, il est utile de croiser plusieurs sources d’information, car les conditions évoluent rapidement.
Gérer la distance : pilotage, signatures, relation bancaire
Vivre en Europe et exploiter un compte pro aux États-Unis oblige à penser “distance” dès le départ. Quelques points méritent une attention particulière :
- Gestion des utilisateurs : qui aura accès au compte, aux cartes, aux virements ? Il faut définir les rôles et limites.
- Signature électronique : la plupart des contrats bancaires peuvent être signés en ligne, mais il arrive encore que certaines pièces exigent un envoi postal ou un notaire.
- Support client : privilégier un acteur qui offre un support par email ou chat réactif, adapté au décalage horaire Europe–USA.
- Suivi des mouvements : mettre en place des alertes et un reporting régulier pour ne pas découvrir un problème trop tard.
Un dirigeant européen ne doit pas voir son compte US comme un objet lointain qu’on ouvre et qu’on oublie. C’est un outil de travail, donc un actif à surveiller, surtout quand des règles américaines s’y appliquent.
| Étape | Objectif | Point de vigilance spécifique au résident européen |
|---|---|---|
| Définition des besoins | Savoir quel type de banque cibler | Ne pas sous-estimer les frais de change et les flux EUR/USD |
| Préparation du dossier | Réduire les allers-retours KYC | Traduire et structurer les pièces françaises / européennes |
| Ouverture en ligne | Obtenir un premier compte opérationnel | Vérifier que le pays de résidence est bien accepté |
| Configuration | Rendre le compte utilisable au quotidien | Tester les virements Europe USA et la latence |
| Suivi et optimisation | Limiter les coûts et les risques | Mettre à jour régulièrement les infos KYC pour éviter les blocages |
Avec ce type de déroulé, ouvrir un compte pro US depuis l’Europe n’est plus une montagne. C’est une suite d’étapes logiques à enchaîner, en gardant en tête que la vraie difficulté n’est pas l’ouverture, mais la gestion propre dans le temps.
Fiscalité, conformité et bonnes pratiques pour un compte pro US géré depuis l’Europe
Dernier pilier, souvent ignoré dans l’euphorie de la création : ce que voit l’administration fiscale, américaine comme européenne. Un compte bancaire US rattaché à une LLC n’est pas une boîte noire. Les banques appliquent des règles strictes de déclaration et peuvent transmettre des informations aux autorités, notamment dans le cadre des accords d’échange de données. Cela ne doit pas faire peur, mais pousser à une gestion rigoureuse.
La règle de base est simple : séparer clairement les flux US (ventes aux États-Unis, dépenses US, salaires ou honoraires en dollars) des flux purement européens. Cette distinction facilite la comptabilité, les déclarations d’impôts et les discussions avec un comptable ou un avocat fiscaliste. À l’inverse, mélanger les flux crée de la confusion et augmente le risque d’erreurs.
Obligations courantes côté américain et côté européen
Une LLC ou une Corporation qui détient un compte bancaire aux États-Unis a généralement :
- Des obligations déclaratives auprès de l’IRS (déclarations de revenus, formulaires spécifiques selon la structure et les associés)
- Des obligations au niveau de l’État de constitution (rapport annuel, franchise tax, frais de renouvellement)
- Des obligations bancaires (mise Ă jour du KYC, justification de certains flux inhabituels)
Côté pays de résidence européenne (France, Belgique, Suisse, etc.), le dirigeant doit également respecter les obligations locales : déclaration d’une participation dans une société étrangère, mention éventuelle de comptes détenus à l’étranger, intégration des revenus distribués dans sa déclaration personnelle, etc. Ignorer ces aspects revient à empiler des risques inutiles.
Mettre en place une gestion saine : outils, process, équipe
Pour un entrepreneur qui vit en Europe, la clé est d’installer une routine de gestion autour de son compte pro US. Quelques pratiques font la différence :
- Connecter le compte à un logiciel de comptabilité (QuickBooks, Xero, ou autre) pour automatiser la saisie des opérations.
- Planifier un point mensuel sur les flux : encaissements, dépenses, transferts vers l’Europe, solde minimum.
- Documenter les opérations atypiques (gros virements, prêts entre sociétés, apports d’associés) pour pouvoir les expliquer en cas de contrôle.
- Travailler avec un expert-comptable ou un CPA qui connaît à la fois le système américain et le pays de résidence.
Sur cette base, le compte bancaire US cesse d’être une source de stress pour devenir un levier de structuration : meilleure image auprès des clients américains, flux en dollars maîtrisés, fiscalité anticipée plutôt que subie.
| Aspect | Bonne pratique | Bénéfice concret pour un résident européen |
|---|---|---|
| Séparation des comptes | Un compte dédié par entité et par zone géographique majeure | Visibilité claire, comptabilité plus simple, risques réduits |
| Outils connectés | Synchronisation banque compta outil de facturation | Gain de temps, moins d’erreurs, reporting plus fiable |
| Conseil fiscal | Accompagnement par un professionnel habitué aux montages US–Europe | Optimisation légale, réduction des mauvaises surprises |
| Suivi KYC | Mettre à jour les infos dès qu’il y a un changement (associés, adresse, activité) | Moins de risques de blocage ou de clôture brutale |
| Plan de change | Stratégie claire sur les conversions EUR/USD (montants, fréquence, outils) | Marge préservée, meilleure prévisibilité des résultats |
Au final, ouvrir un compte pro aux États-Unis en vivant en Europe n’est pas un tour de magie. C’est une décision structurante qui impose de penser création de société, banque, fiscalité et gestion comme un tout cohérent.
Faut-il obligatoirement se rendre aux États-Unis pour ouvrir un compte bancaire pro US ?
De nombreuses banques traditionnelles américaines exigent encore une présence physique en agence pour l’ouverture d’un compte d’entreprise. Cependant, plusieurs solutions fintech comme Mercury ou Wise Business permettent aujourd’hui d’ouvrir un compte professionnel avec coordonnées bancaires US à distance, via un processus 100 % en ligne. La clé est d’avoir une entité américaine (LLC ou Corporation) et un EIN avant de déposer la demande.
Peut-on ouvrir un compte pro aux USA sans créer de société américaine ?
En pratique, non. Un vrai compte bancaire professionnel aux États-Unis est rattaché à une entité légale locale – le plus souvent une LLC ou une Corporation disposant d’un EIN. Certains comptes multi-devises européens permettent de détenir des dollars, mais cela ne remplace pas un compte domestique américain avec numéro de routing et statut business.
Quels sont les principaux documents à préparer quand on vit en Europe ?
Les banques américaines demandent en général : les documents de création de la société (Articles, Operating Agreement ou Bylaws), la lettre d’attribution d’EIN, les pièces d’identité et justificatifs d’adresse des associés, une présentation de l’activité, ainsi que des preuves de l’origine des fonds. Pour un résident européen, il est essentiel de fournir des versions en anglais, idéalement avec des traductions professionnelles pour les documents officiels locaux.
Quels sont les risques si la fiscalité liée au compte US est mal gérée ?
Une mauvaise gestion fiscale peut entraîner des pénalités, des redressements, voire des enquêtes plus poussées côté américain ou européen. Les autorités coopèrent de plus en plus via des accords d’échange d’informations. D’où l’importance de déclarer correctement la société US, les comptes bancaires étrangers et les revenus perçus, avec l’aide d’un expert maîtrisant les relations entre fiscalité américaine et européenne.
Une fintech est-elle suffisante ou faut-il aussi une banque traditionnelle américaine ?
Pour démarrer depuis l’Europe, une fintech spécialisée dans les comptes d’entreprise US peut suffire : elle offre souvent une ouverture simplifiée, des frais compétitifs et de bons outils digitaux. À mesure que l’activité se développe, il peut toutefois devenir pertinent d’ajouter une relation avec une banque traditionnelle américaine pour accéder à plus de services (financement, dépôts en espèces, réseau d’agences) et renforcer encore la crédibilité de la société auprès de certains partenaires.


